Bristol Spirits nous revient avec pas mal de nouveautés ces derniers temps, dont des rhums de Jamaïques, Panama, République Dominicaine et Haïti entre autre…. Et bien entendu, en tant qu’un des principaux acheteurs du stock de fûts restant chez Caroni après la fermeture, Bristol est fier de nous présenter un millésime 1998 HTR titrant 51.3% d’alcool.
En effet, Caroni était loin d’être une distillerie inconnue pour eux lors de cette fermeture ! John Barrett, le patron de Bristol, aura effectivement eu l’occasion de visiter la distillerie lors d’un périple dans les Caraïbes à la découverte de 19 distilleries dans 9 pays différents.
Et il était déjà au courant de ce que la distillerie pouvait proposer, sans être entièrement fan des « white magic » 7 ans, 10 ans et 15 ans entre autre qu’il ne trouvait pas vraiment intéressant. Très loin de profils des fûts que nous connaissons maintenant.
Pour tout dire, le moment le plus sexy de sa visite à Trinidad aura été le Rum Punch reçu à l’accueil se souviendra-t-il…Pourtant, cette visite a tout d’historique maintenant que nous connaissons le reste de l’histoire 🙂
Dernièrement nous avons eu droit à quelques archives de ce voyage d’avril 2001 à Trinidad via la page Facebook de Bristol Spirits Ltd. Comme on peut le voir sur les images ci dessous, nous étions encore dans une configuration très fumante de la distillerie, et on peut même y apercevoir le « cast iron Pot Still » à distiller le rhum lourd, comme sur le Velier « The Last ».
Lors de cette visite, John n’était pas au courant des négociations entre le gourvernement de Trinidad et Angostura afin de reprendre la distillerie… Tout semblait normal.
Mais tout se termina en juillet 2003 et le reste de fûts a été mis en vente publique quelques temps plus tard dont Bristol profita au même titre que Velier entre autre.
Une énorme quantité de fût a donc été acheté et déplacé de Trinidad vers l’Angleterre aux alentours de 2008 afin de continuer une nouvelle vie dans le climat friod et humide des caves anglaise. Une page sur leur site est d’ailleurs dédié à cette histoire, n’hésitez pas à y aller jeter un œil.
Je pense que ce double vieillissement a été pour beaucoup dans le style si équilibré des Caroni proposé par Bristol et bon nombre d’autres embouteillages qui se sourçaient là bas comme Silver Seal, Corman, SBS, etc…
Une autre vision de Caroni, tout aussi intéressante et authentique que les Velier pour moi, mais cela restera l’éternel débat. Personnellement, j’y trouve beaucoup de plaisir chez les deux.
Dans ces photos d’archives, une autre colonne fait son apparition aussi, j’imagine une pour le rhum léger ainsi qu’un certaine activité sur place. Nous pouvons aussi voir un sample original de Caroni 1998 H.T.R., fût 1749.
Ce Caroni du millésime 1998 est donc resté 10 ans sur l’île et le reste en Angleterre où il aura été mis en bouteille au titre de 51.3% d’alcool en 2022. Flocké du mark HTR, ce Caroni est un rhum de type lourd, c’est à dire plutôt généreux en arômes.
Nez
Le nez est assez bien beurré, brioché et pâtissier et semble ultra crémeux aux premiers abords.
Ensuite, ce sont les fruits qui viennent se présenter à nous avec pas mal de banane, abricot, rhubarbe sous un beau nappage de caramel légèrement brûlé.
Le côté hydrocarbure, limite huileux et salin vient ensuite confirmer que nous sommes bien face à un vénérable rhum de la célèbre distillerie de Trinidad.
Enfin, presque 25 ans dans un fût laisse bien entendu des traces, mais ici ces dernière sont tout en équilibres et ne prennent pas le pas sur le reste. On retrouvera bien entendu un côté grillé, du chocolat noir, du tabac, une pointe de réglisse, un léger menthol et de la vanille.
Mais encore une fois, c’est cet équilibre que l’on retrouve souvent chez bristol qui reste le qualificatif de ce rhum.
Bouche
La bouche est tout ce qu’on attend d’un Caroni venant de chez Bristol, à savoir du caractère mais une certaine retenue très british.
Les fruits comme la banane, l’ananas rôti, l’orange sanguine sont toujours bien présents accompagnés d’une belle salinité qui va venir donner un côté « bad boy » à ce rhum au profil tropical et gourmand.
Le boisé est aussi présent mais sait rester à sa place, sans prendre le dessus sur le côté fruité/crasseux, nous retrouvons un côté cendré, brûlé, toasté avec un chocolat noir légèrement amère, du tabac et une vanille bien gourmande.
La finale est assez longue, sur le cuir, le caoutchouc et le chocolat noir et une sensation très huileuse et plaisante.
Prix
759€
Conclusion
Très beau Caroni d’un milésime ’98 qui nous avons connu plus « sâle » et qui devrait donc plaire aux amateurs de Caroni équilibrés mais avec une belle dose de caractère !
Comme expliqué en intro, j’aime vraiment cet équilibre et ce plaisir de dégustation sans laisser tomber le caractère bien trempé de ces fûts si mythique….
Revers de la médaile, ce côté culte se retrouve bien entendu dans le prix et ce dernier de déroge pas à l’augmentation constante des produits de cette ancienne distillerie 🙁
Score
89/100
Grand merci à CRhum/Corman Collins et Bristol Spirits LTD pour le sample et les chouettes photos !
Merci pour l’article, super intéressant ! Ça donne envie mais les prix sont vraiment devenus fous
Hé oui… malheureusement, de plus en plus de demande et de moins en moins de fûts. Logique implacable 🙁