Dans la grande famille des spiritueux français, l’Armagnac occupe une place à part. Moins médiatisé que d’autres eaux-de-vie, il se distingue aussi par son authenticité, son attachement au terroir et la diversité de ses saveurs. Chaque domaine, chaque millésime raconte une histoire différente, façonnée par le temps et le savoir-faire des producteurs, vinificateurs, distillateurs et éleveurs.
Une de mes dernières découvertes dans cet univers m’a conduit au Château Arton, un domaine qui illustre parfaitement le savoir-faire des producteurs gascons. Pionnier dans son approche, il est à l’origine de la Fine Blanche, la première eau-de-vie blanche d’Armagnac AOC, créée en 1985.
Son histoire remonte à 1978, quelques mois après la sortie de Long Live Rock ‘n’ Roll de Rainbow, au mois d’août pour être plus précis, le 28 ! C’est ce jour là que Patrick de Montal et Victoire de Montesquiou comprennent que le domaine d’Arton sera le lieu où ils veulent vivre, quittant donc leur vie parisienne.
En 1981, les premières vignes sont plantées sur le domaine et aujourd’hui, le domaine d’Arton est un vignoble de 88 hectares planté de 8 cépages (Ugni Blanc, Colombard, Gros Manseng, Petit Manseng, Sauvignon, Syrah, Merlot, Cabernet).
En 2002, Fabrice Saramon rejoint Patrick et Victoire afin de les épauler dans le suivi de la vie des vins d’Arton, du choix du raisin à la mise en bouteille.
Enfin, en 2021 c’est au tour de Jean et Lili de Montal de rejoindre l’équipe, Jean mène la conversion du vignoble en biodynamie tandis que Lili d’occupe de la vision et stratégie, œuvrant à faire du domaine un pôle d’innovation culturelle et gastronomique autour de l’Armagnac.
L’ugni-blanc et le colombard sont les deux cépages utilisés pour le confection de leurs armagnacs, distillés par un bouilleur de cru, Philippe Gironi, qui procède à la délicate étape de la distillation depuis plus de 19 ans. Tous les ans, sa tournée commence d’ailleurs par le domaine Arton afin de conserver toute la fraîcheur des arômes et s’assurer que le vin est en pleine jeunesse.
Fine Blanche 2020 – 45%
Armagnac non vieilli, élaboré à partir de cépage « Colombard », cette fine blanche titre 45% d’alcool.
Nez
Belle sucrosité, on retrouve un côté minérale couplé à un gourmandise très pâtissière, briochée. L’amande douce côtoie l’acidité du citron, la banane verte, quelques très fine épices, la poire, la mirabelle et la pointe de silex.
Très parfumé, fruité et brioché, je suis vraiment fan de cette expression tout en rondeur et gourmandise.
Bouche
La bouche est relativement minérale, on y retrouve quelques traces de réglisse, un côté légèrement terreux, noisettes, amandes relevées par le zeste du citron.
C’est encore une fois relativement gras et brioché, très classe et parfumé.
Prix
50€ (50cl)
Conclusion
Très fin et élégant, j’aime beaucoup cette eau-de-vie de raisin. Personnellement, je la trouve très bien ainsi, je tenterai la version « givrée » quand il fera beau… si i m’en reste 🙂
Score
88/100
La Réserve – 45%
Issu de vins des cépages Ugni blanc et Colombard, cet assemblage de vieux armagnacs de minimum 6 ans est la signature du domaine. 18 mois en barrique neuve de chêne pédonculé, chauffe forte pour ensuite passer 6 à 9 ans dans des fûts épuisés.
Nez
Très doux, on retrouve encore ce beau côté brioché avec une vanille bien grasse, des raisins secs, de la banane bien mure, des pruneaux, du chocolat au lait, de la réglisse, un fin cuir, des agrumes légèrement confits, de la feuille de tabac.
Bouche
Entrée en bouche très agréable, sur les fruits à coque torréfiés comme la noisette, amande suivis ensuite de chocolat noir, quelques traces légèrement plus acides avec le citron meringué, la brioche, le cuir, dattes, caramel beurre/salé et quelques fruits en compote.
Prix
69€ (50cl)
Conclusion
Très bel armagnac, on a une belle mâche, c’est gras, parfumé .. bref, très beau produit afin de découvrir le château.
Score
87/100
La Flamme 2014 – 50%
Cet assemblage de barrique du même millésime est issu de la distillation de vin 100% Ugni Blanc, ce millésime 2014 titre 50%.
Nez
Nez très beurré encore une fois, la vanille, la cannelle, la terre et la noisette grillée légèrement caramélisée s’offrent directement à nous. Quelques traces plus florales et sous bois viennent ensuite accompagner ce bel ensemble bien gourmand.
Les fruits secs, les agrumes confits, le pêche et les épices terminent ce nez très agréable.
Bouche
La bouche est relativement douce pour ses 50% d’alcool, directement le boisé plus marqué vient à nous avec le chocolat noir assez amère, les épices de Noël, le poivre, les pruneaux, dattes et autres raisins de Corinthe viennent ajouter de la gourmandise à tout cela.
Le cuir, la réglisse, les feuilles de tabac, le pointe de crayon et un très beau nougat terminent cette bouche très agréable avec une finale légèrement acide. L’alcool est vraiment très bien intégré.
Prix
135€ (50cl)
Conclusion
Très beau millésime, qui nous laisse un beau fruité de spiritueux relativement jeune avec déjà une belle marque boisée. Bref c’est très bon et en plus c’est très beau… par contre, c’est un tarif relativement chaud 🙁
Score
88/100
