Domaine de Danis

Retour en Gascogne aujourd’hui, car comme je dis souvent, tout ce qui est bon, c’est la vie ! D’ailleurs à ce sujet, petite pensée humoristique du jour: j’ai vraiment bien fait de ne pas appeler cet humble blog « Les rhums à Roger », « Rum ze cosmos » ou autre « Les amis des cousins du rhum », car au final on ne parle que de rhums ici ? Soit, bonjour les copains 🙂

Bref, aujourd’hui, nous nous arrêterons à Castelnau d’Auzan Labarrère, au Domaine de Danis afin d’y découvrir trois millésimes balayant 3 décennies !

Domaine familiale, c’est aujourd’hui l’histoire de Victoire et son frère Vincent Piquemal qui ont repris la direction de la production en 1992. Ce domaine, c’est aussi une (folle) histoire d’amour avec la folle blanche qui, en 1982, deviendra le seul cépage pour la production d’armagnac du domaine, sous l’impulsion du grand père de Victoire et Vincent.

Les vignes du domaine s’étendent sur 40 hectares autour de la propriété et sont consacrées exclusivement à des cépages blancs : sauvignon, colombard, gros manseng, ugni blanc et enfin 2.7 hectares de folle blanche pour l’armagnac uniquement.

Le domaine propose donc des vins de Gascogne et des Armagnacs qu’ils font distiller par un distillateur ambulant, comme souvent dans la région. Victoire est présente tout au long du processus de distillation et insiste sur le fait que la distillation doit se faire au degré le plus bas possible.

Au Domaine de Danis, l’objectif est que l’eau-de-vie s’écoule de l’alambic à l’extrémité la plus basse de la fenêtre du degré d’alcool, c’est-à-dire entre 52 et 53 %. Cela lui permet de ne pas réduire ses armagnacs avec de l’eau, mais seulement avec du temps.

Par contre, je me demande quand même comment les trois références que nous allons déguster sont toutes brut de fûts avec 46% d’alcool… j’imagine qu’il doit quand même y avoir une très légère réduction car il me semble impossible qu’ils arrivent tous à 46% sur la seule volonté de notre seigneur (je parle de Ritchie Blackmore bien entendu)

Je profite de ce petit moment de gloire sous les spotlight de ce superbe blog pour remercier armagnac.de de m’avoir fait parvenir 3 échantillons de ce domaine. Domaine que je ne connaissais pas du tout, et qui semble très prometteur à la dégustation !

Distillé en 1978 et mis en bouteille le 17 mars 2022, ce très vieil Armagnac titre 46% d’alcool. Les deux cépages utilisés pour ce spiritueux sont Baco et Ugni Blanc.

Nez

Profil très concentré avec pas mal de fruits tropicaux en compotée, des traces de solvants, de fruits du verger confits, du cassis, de la vanille, du miel et un beau panel d’épices de Noël.

Le très long vieillissement aura apporté ses notes chocolatées, caramélisées, torréfiées, de pâte d’amande et de fruits à coque.

Enfin, des notes de thé noir et de fleurs sèches viennent compléter ce nez qui évolue assez bien avec le temps.

Bouche

La bouche est très gourmande, avec de notes plus sombres de chocolat, de tabac, de chêne, de vanille, de caramel salé et de café.

Les fruits sont du coup plus en retrait et c’est bien le fût qui prend les devants sur cette version avec de belles notes empyreumachinchoses et torréfies.

L’alcool est toujours aussi bien intégré qu’au nez.

Prix

172€

Conclusion

Profil très sombre, les 4 décennies de vieillissement auront bien entendu marqué ce vieil armagnac. Très intéressant, très rond et très gourmand tout en gardant du gras et du peps… très très bon !

Score

88/100

Issu du fût 31, cet armagnac du millésime 1986 est le résultat d’une distillation de vin issu de grappes de folle blanche et a été mis en bouteille le 17 mars 2022. Ce dernier titre 46% d’alcool.

Nez

Profil très fruité où l’on va directement retrouver assez bien d’abricots, des fruits plus tropicaux comme la mangue, du raisin, des fruits rouges, des agrumes assemblés avec un beau caramel beurre/salé, des fruits à coque et du chocolat au lait.

Ensuite, un fin boisé, de la colle, du caoutchouc (mais très légèrement), de la vanille, eucalyptus sur un profil relativement gras et beurré, brioché.

Les 46% d’alcool semblent bien garder le gras et la concentration, c’est très bien fondu à l’ensemble, top.

Bouche

Et là, c’est le tout grand moment avec un profil très fruité avec de l’abricot, de la mangue, du raisin, des fruits rouges plus acides, un beau caramel salé et un côté légèrement plus sale qui pourrait évoquer certains Heavy TDL.

On retrouve une belle minéralité, des huiles de garage, un boisé bien contrôlé avec ses notes plus amères de chocolat noir et de tabac ainsi qu’une légère trace de cuir.

La finale, très longue sur une légère amertume boisée est juste impeccable. L’alcool est totalement fondu à l’ensemble, qui reste beurré, gras et aucunement aqueux.

Prix

130€

Conclusion

Et bien, je pense avoir dégusté le meilleur armagnac de ma jeune expérience Gascogne. C’est tout juste magnifique, tout est contrôlé, très élégant sans être un spiritueux aseptisé. Du tout grand travail !

Tiens, vous avez remarqué le prix ? C’est à peine plus cher qu’un rhum de la Jamaïque de 7 ans d’âge…. drôle n’est il pas ? 🙂

Score

93/100

Comme toujours depuis 1982, la base de ce vieil armagnac est du raisin provenant d’une vigne du cépage Folle Blanche et la mise en bouteille de ce millésime 1999 est aussi au 17 mars 2022. Il titre lui aussi 46% d’alcool.

Nez

Nez très frais, avec de belles notes mentholées couplées à pas mal de fruits encore, des chiques au rhum, du café macchiato, des fleurs sèches, des agrumes et de la pierre silex.

Le raisin reigne ici en maître, bien épaulé par le caramel, le nougat, le miel et du chocolat praliné. C’est plutôt gourmand et fort bien fait ma foi 🙂

Bouche

Pas mal de fruits de verger, de réglisse, de cuir, de chocolat, de crème vanille, d’agrumes et de fleurs… c’est super bon et « easy », sans vouloir froisser qui que ce soit bien entendu 🙂

On garde encore ici une certaine minéralité, que personnellement j’aime beaucoup, avec ces nougats couplés aux fruits bien juteux et quelques traces boisées mais toutes gourmandes et délicates et enfin quelques fruits rouge et huiles de garage.

Comme les deux précédent, les 46% d’alcool sont juste tops, apportant douceur sans perdre le gras et la complexité de spiritueux.

Prix

86€

Conclusion

Mais quel bel armagnac ! Le genre de bouteille qui peut vite devenir extrêmement dangereuse autour d’une bonne table avec quelques mauvais camarades… Le genre de moment de convivialité où partage, papotage et franches rigolades pourraient sérieusement entamer le niveau de la quille 🙂

Bref, c’est bon, tout simplement.

Score

89/00

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