Hampden 1982/1983

Rares sont les vieux Hampden, on connait les mythiques Hampden 1992/1993 de Samaroli entre autres ou encore un 1990 de Berry & Bross, mais il est bien difficile de trouver traces d’embouteillages de cette vénérable maison avant ces dates là…

Pourtant, depuis quelques semaines, plusieurs millésimes 1983 fleurissent… Un broker aurait décidé de « lâcher » ses 5 fûts à différents clients comme Kill Devil ou Rum Artesanal entre autre.

Et un de ceux ci sera tombé dans l’escarcelle de Corman Collins/The Auld Alliance qui l’ont embouteillé conjointement en juin 2019 et qui fait l’objet de cette note.

Titrant 55.3%, ce rhum serait en fait un assemblage de deux millésimes (1982/1983) qui aura vieilli dans un même fût durant 35 ans en Europe. Information confirmée par le broker.

Le tout dans une bouteille très sobre, avec étiquette imprimée sur papier Japonais et ciré… très classe.

Plusieurs sources semblent indiquer que 1983 serait une année « HGML«  chez Hampden… Je ne sais pas trop si à l’époque ils se souciaient vraiment de ce genre de détails ou autres, mais effectivement l’aura du dernier Habitation Velier aura tout de même un peu planée au dessus de cette dégustation.

Couleur

Viel or, le liquide est d’un gras pas possible….

Nez

Hampden, clairement il est très difficile de se tromper…. Que ce soit un jus de 35 ans, 16 ans continental ou même 10 ans tropical, on reste vraiment dans le même trip.

On y retrouve directement de l’olive, une sorte de « poiscaille », c’est iodé, salin, saumuré. Un aspect très « tapenade d’anchois/olive » en fait…

Mais derrière cet aspect qui pourra paraître peu ragoutant, ça reste un Hampden en même temps, les fruits exotiques ne sont pas en reste avec de l’ananas rôti, de la banane, du citron vert et de la pomme grany qui ajoute une touche d’acidité à l’ensemble.

Le solvant, la vanille bourbon, une pointe floral et un aspect plutôt minéral sont les dernières choses qui me viennent en tête avec ce nez décidément bien expressif après 35 ans enfermé dans son fût.

Étrangement, peu de trace de boisé…. de manière générale, je trouve que les tanins n’arrivent jamais à prendre le dessus sur ces rhums jamaïcains.

L’alcool n’est à aucun moment dérangeant, le tout est très bien équilibré et fondu…crémeux je dirais, encore plus que dans le HGML d’Habitation Velier je trouve.

Bouche

Douce, grasse et crémeuse, c’est vraiment du velours ce Hampden du haut de ses 55%… incroyable.

C’est hyper gourmand, pâtissier et fruité avec une légère banane et cet énorme ananas trouvé au nez.

Le citron vient ajouter un côté acide à l’ensemble qui me fera vraiment penser à des bonbons acidulés, comme on peut retrouver sur un HERR de Savanna par exemple… limite fraise tagada, mais bien plus polis et raffiné que ce dernier.

Les olives sont toujours présentes ainsi qu’une grosse fumée en rétro olfaction, sorte de marque de fabrique de la vénérable habitation jamaïcaine.

La finale est monstrueuse et ce rhum sa mâche littéralement durant de très longues minutes…

Prix

545€ pour 70 cl … oui, c’est du coup moins drôle ça mais bon, nous ne sommes plus en 2013 🙁

Conclusion

Pwa, quel expérience… je ne suis pas le plus grand fan des rhums « High Esters« , mais ici je lui trouve vraiment un charme fou comme dirait Hoshi.

Car oui, je pense vraiment que ce Hampden doit se trouver assez haut en terme d’esters. On est vraiment sur un profil acidulé, gourmand, pâtissier mais avec un équilibre et une élégance plutôt folle…

35 ans de repos auront bien aidé je pense, car d’habitude, ce genre de brol hyper exubérant, j’aime bien mais 2 cl me suffisent allègrement.

Ici je me vois bien siroter celui ci juste pour le plaisir….avec cet High Esters, le mot plaisir est présent, ce qui est vraiment loin d’être toujours le cas !

Limite « daily dram » en fait car d’une accessibilité folle tout en étant d’une complexité assez impressionnante. Du coup, je suis très curieux de déguster ses frérots….

Il me fait penser au dernier HGML de Velier mais en plus assagit, abouti, mature je dirais… Après je sais, tropical machin bazar mais ça on s’en fou, c’est top, point.


Pour conclure, je pense que ce rhum est l’exemple parfait pour illustrer le point le plus important pour la maturation d’un spiritueux…. le TEMPS.

Que cela se passe en Ecosse, en Jamaïque, au Portugal ou dans ma cave, rien ne vaut le temps pour polir, lisser et complexifier un spiritueux

Alors ça va faire gueuler, mais je ne pense pas du coup qu’on puisse affirmer que 4 années sous les tropiques valent 20 en Ecosse par exemple.

Pour la part des anges, clairement mais pas pour la maturation et la complexification… je reste convaincu que rien ne vaut le temps.

Note

93/100

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