Vagabond Spirits Part I

Dans la mouvance actuelle des nouveaux embouteilleurs de rhum, il y en a qui ne se contentent pas de proposer uniquement des Demerara, Jamaïquain ou autres rhums de Trinidad du fût à la bouteille, sans passer par la case travail (travail autour du rhum, bien entendu que les gens travaillent pour proposer ça). Il est effectivement de plus en plus fréquent de voir des sélections proposées plus par des « Transvaseurs » que des Embouteilleurs.

C’est dommage mais c’est ainsi… un rhum sympa, une jolie étiquette, une communication boostées aux hyper qualificatifs et hop, c’est parti. Après ça marche, et plutôt même assez bien pour certains et les jus proposés ne sont bien entendus pas ratés. On peut juste de temps en temps se dire qu’un tel aurait mérité une réduction, un autre un léger finish, un brassage ou même une longue aération afin de rendre le moment encore plus sexy.

Dans le cas qui nous occupe ce soir, Vagabond Spirits a choisi la formule offensive en proposant pas mal d’originalité autour de ses produits.

Allant des rhums au finish improbable en passant pas l’assemblage ou encore le vieillissement de façon inédite, on ne peut pas dire qu’on s’ennuie en lisant leur communication.

Nicolas Petit, le passionné derrière tout ça, m’a dernièrement contacté afin de voir si je serai intéressé pour déguster ses créations et lui donner mon ressenti là dessus. Chose que j’ai bien entendu accepté, étant quelqu’un de plutôt curieux, même si les trucs à la 6-4-2 ne sont pas toujours ma tasse de rhum.

Et afin de ne pas trop me brusquer, il s’est même proposé de faire ça à l’aveugle, ainsi aucun a priori lors de la dégustation. Il m’a laissé une enveloppe avec le descriptif de chaque échantillon pour lire en fin de dégustation. Plutôt pas mal comme façon de faire, merci ! Pour la bonne lecture de l’article, je vous remet bien entendu ça avec les bons libellé 🙂

Il s’agit d’un assemblage de 66% de rhum de Barbade et de 34% de rhums d’une distillerie totalement secrète de Jamaïque, ayant respectivement passé 3 et 4 ans en fût de bourbon. L’assemblage a été mis en octobre 2022 en fût Ex Beaumes de Venise et ex rhum Australie. Ensuite, tout est parti en bateau pour un voyage jusque février 2023.

Embouteillé à 59% d’alcool.

Nez

De fait, ça sent assez bien la Barbade avec les marqueurs typiques de l’île comme le coco et un côté relativement bien beurré. On retrouve ensuite quelques traces plus jamaïcaines avec une pointe de fumé, de mine de crayon et de fruits.

Les fruits tirent vers la pomme, les agrumes confits, la poire et semblent mêlés à de la pâte d’amande, un boisé légèrement cendré, du caramel, du miel et des raisins de Corinthe.

Plutôt pas mal comme profil, on sent effectivement que c’est relativement jeune, le passage en ex fût a bien dû arrondir les angles car l’alcool semble bien intégré.

Bouche

Entrée en bouche relativement douce où les notes de miel ressortiront assez fort en premier, suivies d’une déferlante jamaïcaine relativement funky et fruitée.

Pas mal de pommes acides, poires, bananes vertes, ananas rôti, fumé, cuir, olives, iode et un fin boisé avec ses notes de vanilles, réglisse, tabac.

La finale, moyenne nous laisse sur des notes fumées, cendrées et relativement beurrées.

Prix

94€ (50cl)

Score

87/100

Conclusion

Sympathique blend, assez jeune et où le finish en ex2 fût a donné un gros côté liquoreux et mielleux à l’ensemble qui devait être bien rude tel quel 🙂

Belle réussite car la voyage est bien de la partie sans que ça parte justement trop dans tous les sens…

Jeune ron du Venezuela qui aura passé 4 ans sur place et 2 ans en Europe. Finish en fût de bière brune et proposé à 55% d’alcool.

Nez

Directement, la fève de cacao fait son apparition. C’est très chocolaté, beurré, caramélisé mais cela ne semble pas too much en fait.

Quelques traces plus torréfies viennent ensuite nous sortir de cet amas de chocolat avec une pointe de vanille et une banane bien mure, voir même en compote.

Bouche

Bouche très grasse, attention il faut aimer le chocolat, le beurre, le caramel, les mokatines, les épices de Noël etc… On est clairement sur un profil hyper gourmand, doux, mais ayant réussi l’exploit de ne pas être trop écœurant.

Le finale est assez salée, elle fait clairement ressortir de notes de caramel/beurre salé et une pointe de silex.

Prix

59€ (50cl)

Score

83/100

Conclusion

Ron assez chargé, mais dont le finish en bière brune aura probablement apporté plus d’air afin d’éviter de tomber dans l’excessivité.

Après, les Ron ne sont pas véritablement ma tasse de thé, donc c’est sympa mais sans plus me concernant. Mais c’est bien réalisé, et ceux qui aiment ce genre de profil vont adorer.

Immersion de deux fûts contenant respectivement du rhum Bielle blanc à 45° et 60° en octobre 2022, à 20 mètres de profondeur au large de Brest et ce durant 9 mois. Les deux fûts vont être repêchés, assemblés et reposés en cuve avant la mise en bouteille à 49% d’alcool.

Nez

De fait, ça sent le Bielle là dedans… donc en gros, ça sent plutôt bon avec pas mal d’arômes de canne à sucre, une sucrosité naturelle, du fruits, des notes terreuses.

Et les Bielle ayant déjà un coté iodé par moment, celui ci ne déroge évidement pas à la règle quand on voit où il a passé son temps durant 9 mois 🙂

J’imagine les échanges entre l’eau et le rhum assez intense, les deux fûts ont perdu 10% d’alcool durant ce temps !

Enfin, sans savoir si tout allait bien dans ce côté de la mer, j’y trouve un léger côté hydro carbures, brûlé en fait…

Bouche

La bouche est tout aussi typique de chez Bielle avec de belles traces de canne à sucre, une sucrosité assez prononcée, des arômes terreux, du miel et de la réglisse.

C’est évidement salin aussi et on a l’impression que le rhum s’éteint assez vite dans ses arômes primaires pour nous laisser une plus longue finale iodée et sucrée tirant vers le caramel mou, très bon d’ailleurs.

Prix

120€ (50cl)

Score

86/100

Conclusion

Etonnant et plutôt sympa si on oublie que ce rhum coûte tout de même 120€ pour un vieillissement (et lente réduction à l’eau de mer) de 9 mois. J’imagine que tout ça a un coût et que le risque de tout perdre a dû être assuré… mais ça reste serré.

Mais ce mélange de sucrosité et de salinité est plutôt très bon !

Place ici à un rhum de chez TDL du millésime 2008, comme il en pleut de plus en plus sur le petit monde du rhum…. et souvent pour notre plus grand bonheur. Vieilli 11 ans à Trinidad, 3 ans en Europe, ce single cask a ensuite été fini 4 mois en fût de chêne américain, cintrage vapeur.

Il s’agit là d’une nouvelle manière de concevoir un fût, dans le respect du bois, de son essence et de ses caractéristiques gustatives. Le cintrage ainsi réalisé permet de n’extraire presque aucun tanin du bois, afin de n’y retrouver que le goût du bois, son âme.

240 bouteilles de 50cl, superbement illustrées une fois de plus, ont vu le jour à 61% d’alcool.

Nez

Et bien ça sent le sale TDL là dedans, pas mal de fruits rouge, de cassis, d’hydrocarbure, d’huiles, de caramel et assez bien de notes boisées.

Avec le temps, la mangue, les oranges sanguines, le cuir, le bois brûlé, la rhubarbe, le beurre et le chocolat noir propose un profil assez sombre et gourmand à souhait.

On est limite pas loin, mais vraiment pas, d’un Caroni en fait. Ca me fait carrément penser à un Caroni 98 Velier, ceux des dernières sorties « Employees » avec un boisé assez marqué, sans tomber dans leurs excès 🙂

Impressionnant.

Bouche

Bouche très riche aussi avec des fruits rouges, des griottes, du cassis, du chocolat noir, du cuir, des abricots compotés, de la rhubarbe, de la réglisse, du tabac, du caramel, de la mangue, de la banane verte…

La finale est interminable, sur des notes torréfiées, cendrées, caramélisées et légèrement acides.

Les 61% sont assez déconcertants de facilité et passent vraiment bien…attention aux surprises 🙂

Prix

114€ (50cl)

Score

91/100

Conclusion

Waw, encore une fois l’ombre de Caroni fait plus que planer sur cet embouteillage ! C’est boisé mais en aucun cas un vulgaire jus de bois, c’est la prouesse de l’opération j’ai l’impression.

Bravo, j’aime beaucoup et le tarif est très sympa pour un Caroni 🙂

Assemblage : Bélize et Trinidad proposé à 59% d’alcool.

45 % Bélize – 2007 : 14 ans de vieillissement tropical 100% en fût ex-bourbon à 70°
55 % TDL – Heavy – 2008 : 11 ans de vieillissement tropical + 3 ans de vieillissement continental et 100% ex-bourbon à 64°

Réduction à 59° d’alcool pour 44 bouteilles.

Nez

Nez relativement gras avec pas mal de notes fruitées, beaucoup de caramel, des fruits rouges, des hydro carbures, de la vanille, du chocolat au lait, de la réglisse et du beurre.

Au début assez fermé, il s’ouvre assez bien sur les fruits exotiques et du verger avec le temps, mais on sent que c’est probablement un peu sauvage là dedans 🙂

Bouche

La bouche est tout aussi beurrée, acide et fruitée, avec ce soupçon sale venant du TDL que ce que le nez nous laissait présager. C’est par contre moins sauvage que ce que je pensais, ça passe même plutôt facilement.

Pas mal de crème brûlée, de vanille, de fruits exotiques, de cacao, du caramel légère trop cuit, du chêne, d’huiles et de chocolat.

Tout en étant relativement bien intégré, j’ai quand même tendance à trouver que c’est trop alcooleux… le côté Belize j’imagine, car je n’en ai jamais dégusté d’intégré je pense 🙂

Prix

135€ (50cl)

Score

89/100

Conclusion

Beau mariage entre deux régions bien distinctes, n’étant pas un grand fan des rhums de Bélize, j’aurais tendance à trouver le TDL seul suffisant, mais ça reste une question de goûts bien entendu.

Disons que c’est le meilleur Belize que je n’ai jamais dégusté du coup 🙂

2 thoughts on “Vagabond Spirits Part I

  1. Salut Roger,
    Tu as gouté le Belize l’Esprit anniversaire, sur celui – ci l’alcool est super bien intégré et plein de saveurs.

    1. Hello hello,

      Ha non, d’ailleurs je pense n’avoir dégusté que le Caroni de chez L’Esprit… faudrait que je regarde tout ça de plus près une de ces 4 🙂

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