Retour d’une dégustation d’un Caroni ! Malheureusement, cela risque de se faire de plus en plus rare vu la rapidité à laquelle la valeur de ces petites choses augmente. Il sera en effet de plus en plus compliqué de trouver le t€mps de s’acheter une bouteille ou un sample pour vous proposer un article sympa, donc profitons bien de ce moment !
Et pour cette « dernière », je me suis tourné vers un embouteillage particulièrement spécial, le Caroni « Straight from the barrel » de Corman Collins.
En juin 2022, sa sélection de trois nouveaux single cask en provenance de chez Bristol n’est en effet pas arrivée seule en Belgique, le cachotier avait bien pris soin de n’avertir personne qu’il y aurait un fût de Caroni 1998 dans la livraison !
Car derrière cela, il avait un concept bien à lui: Exposer le fût plein dans sa boutique à Battice et embouteiller les bouteilles à la demande pour les passionnés désireux d’en acheter une. En mode 20 cl et 70 cl afin de permettre au plus grand nombre de se l’offrir.
Cela pour une durée limitée dans le temps, une fois passé ce délais il n’y aura plus aucun embouteillage de ce fût avant 2028, année où le reste de ce Caroni aura atteint 30 ans d’âge.
Donc le nombre de bouteilles de ce Caroni 1998/2022 est ultra limité, on parle de seulement 20 flacons de 70 cl par exemple !
Le tout sans la moindre filtration ou réduction, pour un Caroni ayant passé les 11 premières années de sa vie sur l’île de Trinidad et le reste en Angleterre comme toujours chez Bristol.
Là où les embouteillages de Corman Collins sont souvent légèrement réduits/travaillés afin de proposer leur meilleure expression, ce dernier est délibérément proposé brut de décoffrage. On flirt quand même avec les 65% d’alcool !
De plus, comme à son habitude, nous avons droit à une chouette étiquette bien retravaillée à partir d’une vieille publicité des années ’20… Publicité pour une marque d’huile de moteur, what else ? 🙂
Et dernière chose, il est fort probable que ce rhum soit le tout premier Caroni à ne pas être dans la bible de Steffen Mayer vu qu’il est sorti juste après 😁 World Première !
Nez
Puissant en arômes, ce Caroni ’98 possède un bon gros profil entre le fruité, le caramélisé, le boisé et le côté dirty des Caroni de cette époque.
Sale, il l’est clairement, mais nettement moins quand même que certains de ses condisciples du même millésime.
Beaucoup d’agrumes dont l’orange sanguine, le citron mais aussi une pointe d’abricot et de rhubarbe cotoient le baume du tigre, le chocolat, le caramel brûlé, le caoutchouc, le tabac, le vieux cuir et les côté garages oldschool (ayant vécu avec un père mécanno, je peux vous assurer que c’est vraiment ça).
Niveau intégration de l’alcool, c’est bien entendu relativement puissant mais je m’attendais quand même à pire vu le contexte. Mais oui, on sent qu’il n’y a pas eu la moindre réduction…
Bouche
L’entrée en bouche ne se fait pas spécialement en délicatesse, ce Caroni déboule sans prévenir mais n’explose pas totalement le palais. Juste qu’il faut faire preuve de patience pour appréhender ce dernier, pour ceux qui ont un palais un peu sensible comme le mien (hello Ollivier).
Passé ce premier feux, nous retrouvons un profil assez gourmand et dirty, fidèle aux origines de ce vénérable rhum de 24 ans !
Les fruits compotés sont toujours de la partie avec les agrumes en tête, l’abricot, la cerise et un boisé sur le tabac, la poudre de cacao, le cendré, le caoutchoux entre autre.
Et bien entendu, une dose de fumé, de vieux cuir, de réglisse et de caramel/beurre salé brûlé comme tout Caroni HTR qui se respecte.
Avec le temps, les vapeurs d’alcool se dissipent bien et nous laisse un Caroni relativement gourmand.
Prix
599€ (70 cl)
200€ (20 cl)
Conclusion
Alors oui, nous sommes d’accord, c’est une sacrée somme… mais on ne va pas refaire le même débat à chaque Caroni dégusté 🙂
Distillerie fermée, beaucoup d’amateurs, le stock ne faisant forcément que de diminuer, tout ça fait que cela coûte de plus en plus cher malheureusement.
Arrivé à un certain montant, c’est clairement plus la passion que la raison qui joue. Donc chacun est libre bien entendu de faire comme il le peut/veut.
Sinon, ce Caroni porte probablement très bien son nom, nous avons droit à une version plus brutale que ce que Corman Collins a l’habitude de proposer, un Caroni sans concession !
Si on devait faire un parallèle avec le thrash metal allemand, ce dernier serait le Destruction là où les autres de l’embouteilleur belge sont plus dans le style Kreator quoi… vous apprécierez la comparaison 🙂
Après, comme tous les Caroni, l’oxydation sera probablement sont meilleur ami et devrait évoluer vers quelque chose d’encore plus gourmand avec le temps.
Une chose est certaine, il ne faut surtout pas oubier le contexte de cet embouteillage: le rhum a été transvasé du fût à la bouteille directement.
Il n’y a aucune autre étape entre et donc le rhum est toujours dans son état initial quand vous allez ouvrir cette bouteille ou un sample fraichement prélevé. Donc oui, c’est un peu sauvage et le temps d’aération doit être bien entendu adapté en conséquence !
Note
88/100