Joshua Singh

Petit focus sur un embouteilleur qui est dans le circuit depuis pas mal d’années et qui nous proposent régulièrement de nouveaux single cask de diverses provenances, SBS et son boss relativement connu pour participer à pas mal de salons entre autre, Joshua Singh !

Voici donc le compte rendu de ma petite discussion avec ce très sympathique personnage, fan de rhums jamaïcains et de Demerara entre autre. Encore un vrai passionné qu’il me tardait d’interviewer pour ce modeste blog.

Hello Joshua, pouvez-vous vous présenter vous et votre société ?

Je suis Joshua Singh, fondateur et copropriétaire de la société danoise de rhum 1423.

Quelle est la signification de 1423 et SBS ? Comment est ce que tout cela a débuté ?

1423 porte le nom de notre premier rhum. Lorsque nous avons créé l’entreprise, nous venions de rentrer d’un festival du whisky au Danemark. Nous sommes arrivés là-bas pour boire du malt, mais dans la dernière heure du festival, nous avons été initiés au rhum et nous avons été époustouflés par ce spiritueux.

Deux semaines plus tard, nous avons enregistré notre société pour embouteiller des rhums. Au départ, c’était vraiment un passe-temps et nous avons commencé à trouver une entreprise qui pourrait nous aider à faire notre propre assemblage (E.A. Scheer en l’occurrence). Nous leur avons envoyé des notes de ce que nous recherchions et ils nous renvoyaient 12 à 15 bouteilles d’échantillons que nous pouvions alors déguster. Tout simplement.

Mais les bouteilles n’avaient qu’un numéro de référence pour les identifier, nous avons donc goûté à l’aveugle, 14417, 14418, 14419 et ainsi de suite. Nous avons fait des notes de dégustation pour chacun d’eux et notre préféré était le fût 14423, que nous avions mal écrit dans nos notes: 1423.

Après avoir fait notre sélection et passé la commande, plus de 4 mois se sont écoulés avant que nous recevions finalement les bouteilles, pendant ce temps chaque fois que nous en parlions, nous l’appelions 1423. Donc quand les bouteilles sont finalement arrivées et que nous avons dû choisir un nom pour mettre sur l’étiquette, nous nous sommes mis d’accord très rapidement sur 1423 First Edition et la société a finalement obtenu le même nom.

Pour la petite histoire, il s’agissait d’un blend Barbados/Trinidad dont nous avons embouteillé un peu moins de 200 bouteilles.

SBS, c’est beaucoup plus facile et simple, il suffit de regarder la bouteille « Single Barrel Selection » Et bien que nous soyons connus comme une marque de rhum, nous avons en fait embouteillé 1 whisky sous S.B.S.

Et qui sait, peut-être que l’avenir apportera une autre bizarrerie à un moment donné.

Que recherchez-vous lorsque vous sélectionnez un fût ? Originalité? Puissance? équilibre?

Au début, lorsque nous sélectionnons des fûts à mettre dans notre entrepôt, c’est une combinaison de différents facteurs. Nous devions penser à l’avenir, quelle serait la demande, comment évolueraient les différentes tendances, etc.

De plus, nous nous concentrons bien sûr sur nos propres distilleries et distillats préférés et beaucoup de travail est consacré à la sélection du type de fût que nous utiliserons pour le processus de vieillissement.

Lorsqu’il s’agit de sélectionner pour la mise en bouteille, nous sommes généralement 2 ou 3 personnes au sein de 1423 qui aident à la sélection et à la fin, ce sont les arômes et les saveurs qui décident si quelque chose doit être mis en bouteille.

Pour la même raison, vous verrez également de nombreux styles différents chez S.B.S par exemple.

Comme nous avons des palais différents dans notre équipe, les sélections de rhums de la marque peuvent donc être très différentes.

Vous semblez assez proche de Demerara Distillers Limited avec pas mal de références. Vous y êtes même allé plusieurs fois, êtes-vous libre de choisir sur place ?

La Guyane a toujours eu une place spéciale dans mon cœur, El Dorado 12 a été l’une de mes entrées dans le monde du rhum et le rhum Demerara à l’ancienne fait partie des rhums que je préfère boire.

J’ai eu la chance d’avoir l’occasion de visiter la distillerie à plusieurs reprises et c’est vraiment à couper le souffle d’être parmi ces alambics légendaires.

Par contre, où et à qui j’achète restera cependant mon secret 😉

Le monde du rhum évolue très vite et une multitude de nouveaux embouteilleurs font leur apparition. Que penses-tu de cela?

C’est merveilleux ! Plus nous parlons et éduquons de gens sur le rhum, plus nous pouvons faire venir de gens et les inciter à aimer le rhum.

Nous sommes sur un marché en croissance et en évolution, il est donc important de voir les autres producteurs et embouteilleurs comme des collègues et non comme des concurrents, nous aidons tous ensemble le marché à se développer.

Le rhum est le meilleur spiritueux au monde et son avenir s’annonce très prometteur.

En tant qu’amateur de rhum, quels embouteillages d’autres confrères vous marquent particulièrement ?

Il y a pas mal de beaux embouteillages, et j’ai tendance à regarder des choses qui correspondent à mes goûts, donc tout ce qui vient de la Jamaïque ou de la Guyane est généralement mon choix.

Aussi ce qui vient de Savanna à la Réunion, ils ont fait des embouteillages vraiment exceptionnels, malheureusement ils ne sont pas toujours faciles à acheter.

Heureusement avec tous mes voyages à travers l’Europe lors des différents festivals, j’ai la chance de goûter de nombreux nouveaux embouteillages tout le temps 😊

Il y a de plus en plus d’embouteillages spéciaux pour différents événements comme les salon, les groupes Facebook ou les cavistes par exemple. Pensez-vous qu’il y ai un nouveau business pour une entreprise comme vous ? Vous devenez un « petit » Scheer pour ces gens…

Je ne m’appellerais pas un petit Scheer, ils sont la référence pour créer de nouvelles marques et ont une histoire qui remonte à des siècles. Moi je mets simplement en bouteille ce que mes clients demandent.

Il y a cependant effectivement un intérêt croissant à avoir « sa propre bouteille », quelque chose spécialement conçu pour son magasin, festival ou événement.

C’est une activité qui a lentement augmenté sur le marché du rhum pendant des années et qui continuera sûrement aussi.

Vous êtes assez familiers avec des finish de rhums blancs très typiques ? Dans quel but? Ne pensez-vous pas que cela affecte trop l’esprit d’origine ?

Non, serait la réponse (très) courte.

Nous sommes plutôt transparents avec ce que nous faisons avec certains de ces rhums au profil lourd qui vieillissent pendant une courte période, généralement de 1 à 3 ans. Si vous essayez certains des Grand Arome que nous avons embouteillés à partir de fûts PX-Sherry, je pense que vous pouvez toujours distinguer facilement le profil gustatif original, car le profil lourd du rhum transparaît facilement.

Il en va de même pour les jamaïcains à haute teneur en ester que nous avons mis dans des fûts de chêne vierge, nous conservons toujours le profil d’origine tout en ajoutant une autre couche.

C’est aussi l’une des choses amusantes de ce que nous faisons, expérimenter différents fûts et rhums pour voir comment cela peut évoluer.

Votre gamme esclavo devait changer de nom, où cela en est il ?

Le changement de nom est fait et les nouvelles bouteilles sont en cours de production, les 2 premières ont été lancées et les dernières suivront durant les 3 prochains mois.

Ainsi, vous pourrez déjà voir les nouvelles bouteilles sur certains marchés à côté des bouteilles plus anciennes.

Mais bien sûr, il faudra un certain temps pour que les vieilles bouteilles disparaissent complètement des étagères du monde entier.

Quel est le nouveau nom ?

Le nouveau nom est « Patridom« , un mot composé de Patrimonio Dominicano, qui se traduit littéralement par l’histoire dominicaine. Nous avons choisi ce nom car il nous donne l’opportunité de parler des mêmes histoires autour desquelles la marque a été construite et même de développer encore mieux une partie de l’histoire.

Personnellement, quels sont vos embouteillages préférés chez sbs ?

Haha, ce n’est pas une question facile ! Puis-je en citer plusieurs ?

S.B.S Skeldon 2001, sortir à nouveau un Skeldon était vraiment un rêve devenu réalité et le profil est parfait à mes goûts.

S.B.S. Jamaica 2005 (l’étiquette indique 2004 par erreur), je pense que beaucoup de gens connaissent mon amour pour Worthy Park et nous en avons déjà mis en bouteille pas mal, mais celui-ci date de leur première année de distillation.

S.B.S. Cuba, nous avons fait quelques rhums différents de Cuba qui ont reçu une deuxième maturation en Virgin Oak, je crois qu’ils sont d’excellents exemples de ce que nous faisons. À mon avis, le rhum cubain est très léger et, pour être honnête, un peu ennuyeux, mais le Virgin Oak aide vraiment cela à se développer et nous avons un rhum beaucoup plus complexe et puissant que j’apprécie vraiment.

Il y en a bien d’autres, mais ce sont les 3 qui me sont venus en premier à l’esprit

Vous avez embouteillé les deux Caroni les plus extrêmes, The Beast 1&2. Personnellement je l’ai trouvé beaucoup trop boisé et déséquilibré. Pouvez-vous nous expliquer l’histoire de ces deux rhums ?

Eh bien, 4 fûts existaient au début et nous en avons embouteillé 1 pour le marché danois en coopération avec John Barret et Bristol Spirits.

Celui-ci a lentement obtenu le surnom de « The Beast » sur les réseaux sociaux, alors j’ai décidé quand nous avons embouteillé le deuxième fût de le nommer ainsi afin que les connaisseurs sachent exactement à quoi s’attendre.

Qu’est-il vraiment arrivé à ce lot, je ne sais pas, c’est vraiment un rhum fou et ce n’est pas non plus à mon propre goût.

Lorsque nous avons sorti le premier sous S.B.S, j’ai appelé ou écrit à tous nos clients à travers l’Europe et leur ai dit à quoi s’attendre avant de passer leurs commandes. Ils ont tous également reçus des échantillons car nous voulions nous assurer qu’ils étaient conscients de ce qu’ils allaient acheter… et devoir revendre 🙂

En fin de compte, j’ai réalisé que les bouteilles avaient pas mal d’amateurs et que beaucoup les ouvraient et les buvaient.

Comment voyez-vous le monde du rhum dans 1 ou 2 ans ? Pensez-vous que la frénésie autour des prix va enfin prendre fin ?

Je crois que nous allons voir le marché continuer à croître, il y a encore des marchés en Europe qui n’ont pas atteint leur apogée.

Même au Danemark où le rhum a vu le marché du rhum croître très rapidement ces 15 dernières années, nous rencontrons encore des gens qui sont comme moi au début et tout ce qu’ils connaissent du rhum, c’est Morgan et Bacardi.

Dans le même temps, nous voyons maintenant les marchés asiatiques monter lentement à bord et s’intéresser de plus en plus au rhum.

Cependant, cela ajouterait probablement également à une augmentation des prix. Donc non, cela ne risque pas de se calmer malheureusement.

Pour terminer, quelles sont vos prochaines sorties ?

Alors elles sont prêtent et vos bientôt être divulguées à toutes et tous…. Je te les dis, mais ne le répète pas 🙂

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