Some Kind Of Secrets Distilleries

Comme pour la lingerie avec Victoria’s secret, le monde de spiritueux a lui aussi ces petits secrets de polichinelle… Son lot de choses à ne pas dire mais que tout le monde pense savoir, subtil mélange entre transparence et protectionnisme.

Ce soir, je vous emmène dans une des plus grandes distilleries au monde, j’ai nommé la bien connue « Secret Distillery« .

Peu de choses réussissent à filtrer sur cette obscure distillerie, tout au plus nous savons qu’elle est implantée dans un grand nombre de pays. Que celle-ci aurait été créée entre le fin du 17em siècle et 2008 par un certain Jean Sèrien.

Oui, le infos sont lights, mais avec notre Jean-Noël Roudoudou national, nous avons mené l’enquête et avons retrouvé la trace d’ Alain Cognito, maître de chais de la filiale cubaine de Secret Distillery.

Comme il nous l’explique, cette distillerie aurait autant, voir plus, d’alambics que DDL. On parle là d’alambics très différents avec chacun leurs spécificités et leur identité propre.

De plus, il nous a même expliqué que Secret Distillery distille aussi bien du rhum high esters, agricole, grand arôme, de mélasse que du whisky tourbé, non tourbé par exemple, quels talents ! Le tout bien souvent agrémenté de finish à la con de toutes sortes.

Et oui, on peut trouver du gros Speyside, du jamaïcain, du cubain, des finitions Sherry, Madeira etc…


Bon trêve de plaisanterie, ce petit texte étant juste là pour poser un côté « léger » à ce billet.

Mais derrière tout cela, il y a une réalité que devient de plus en plus gênante en ces heures où tout le monde prône la transparence.

En effet, sous prétexte, somme toute logique, de propriété intellectuelle, de marque, de logo etc, certaines distilleries n’hésitent pas à interdire l’utilisation de leur nom pour des embouteilleurs indépendants. En effets, celle ci se sentent trop souvent flouées et mises en avant sur des produits dont elles n’ont plus la main depuis la vente du jus.

Alors vu comme cela, effectivement je peux comprendre que Worthy Park ,par exemple, ne veuille pas être associé à un embouteillage d’un de ses rhums fini en fût de sauce Bolognaise… Chose qui n’arriverait effectivement jamais dans ces chais et dont je doute fortement de l’intérêt.

Du coup, le seul moyen pour eux est d’interdire l’utilisation de leur nom et de leur logo… Forcément, pas d’autre choix…. Vraiment ?

Bien entendu il y a un autre choix, celui de ne plus vendre ses rhums aux brockers européens… mais ça, faut pas déconner non plus hein, c’est de l’argent facile et on a pas trop envie de s’en priver.

Donc, à cause de tout cela, nous nous retrouvons de plus en plus avec des embouteilleurs indépendants qui nous proposent des « Jamaica Rum- Secret Distillery« , « Cuba Rum-Secret Distillery« ,  » Vale of Lluidas ‘s Rum » etc…

Ainsi, plus de soucis, on peut toujours vendre le rhum et si l’embouteilleur fait de la merde avec, on s’en fou car on est pas associé à cela. Du coup, moi je dis que c’est bingo !

Sauf peut être le consommateurs en fait… mais oui là, souvenez vous, le type qui achète la bouteille avec ses sousous !

Car oui, l’amateur lambda qui est derrière la bouteille dans un magasin, et bien il ne sait plus ce qu’il boit… c’est con hein ? Secret Distillery, les rois de la dégustation à l’aveugle 🙂

Alors qu’il serait tout de même bien plus simple de juste pouvoir préciser l’endroit d’où provient le rhum et quand il l’a quitté…et zou, on tombe direct sur un terrain d’entente, the mega compromis à le belge en quelques sortes !

Dans les exemples ci dessus, vous excuserez pour la qualité des étiquettes, c’est juste pour l’exemple, on peut remarquer que les deux premières ne sont vraiment pas valables. Ni pour la distillerie, ni pour le consommateur.

La première, sans trop chercher, on se dit que c’est un Worthy Park fini en fût de Bolognaise et que cela doit être épouvantable… Donc effectivement, Worthy Park ne voudra en aucun cas être associé à cela. Et ils ont parfaitement raison sur ce point.

La deuxième est déjà bien plus correcte pour la distillerie, mais bon, le type qui déteste Hampden par exemple, peut vraiment se poser quelques questions à la vue de cette bouteille… donc en gros, achat à l’aveugle. C’est nul et pénible pour lui (même si le Bolognaise cask devrait le convaincre de ne pas acheter, mais ça c’est une autre histoire)

La troisième est celle qui semble la plus transparente et la plus logique pour tout le monde… Par contre, on voit plus souvent les deux premières que la troisième. Et c’est là que je me pose en râleur du dimanche, oui c’est chiant de ne pas avoir cela par défaut.

A quand donc un décret ou une loi protégeant les consommateurs ET les distilleries… si cela se trouve, il existe déjà, je n’ai pas été voir, mais force est de constater que pour le moment, nous avons de plus en plus d’embouteillages « Secret Distillery », et ça, vraiment ça devient lourdingue !

Après, je me met à la place des distilleries, ça reste leur savoir, leur marque et leur rhum in fine, et donc il n’est pas simple de laisser quelqu’un d’autre en tirer profit.

Même si ces mêmes personnes ont payé pour les acquérir et les faire vieillir… Et de temps en temps pour un résultat bien plus probant que les embouteillages officiels.

Afin de rendre le tout un peu plus utile, j’ai tout de même testé deux de « leurs » embouteillages, voici ce que ça raconte… ou pas.

1423 SBS, Brazil-Barbados MOSCATEL CASK 52°

Voici ce qu’on peut lire sur excellence rhum par exemple:

« Un mariage de rhum sud-américain et caribéen. C’est l’une des éditions les plus expérimentales à un seul fût ! L’assemblage à reçu une finition Moscatel (vin blanc doux sucré du Portugal) faisant un résultat très intéressant. « 

Titrant 52%, cette assemblage à un âge de 4 ans et … heu ben en gros c’est tout 🙂

Donc oui, ici aucune information sur ce que nous avons dans la bouteille hormis deux indications des pays. Idem pour l’âge, s’agit il de la moyenne d’âge entre les deux (genre un vieux barbade + du blanc du brésil ?), aucune information encore une fois… Mais ici, c’est plus l’embouteilleur qui est en cause sur ces dernières informations manquantes.

Couleur

acajou, orange, cuivre… un beau gros rhum bien marqué

Nez

On tombe directement sur un profil gras, chaud et gourmand… on y retrouve assez vite du fruits bien cuits, du boisé, des agrumes tels que l’orange amère, le citron et un côté très doux pour les 52% annoncés.

Le chocolat au lait est plutôt présent, un côté coco, caramel, sucre brun et quelques épices viennent terminer ce tableau, très rond et engageant.

La fin du nez est moins sexy, une grosse amertume se dégage et gâche un peu l’ensemble.

Bouche

Ronde, gourmande à souhait et légèrement piquante sur la fin de bouche…

J’imagine que Foursquare ne doit pas être très loin, on y retrouve en effet pas mal de similitudes avec les derniers 2005 et 2007.

L’ensemble me parait tout de même assez vif, peut être le côté brésilien ou le jeune âge, aucune idée mais ça marche plutôt bien comme mariage.

Je dirais que le côté vineux est sympa mais aurait tendance à rendre le tout un peu écœurant, comme un destino 70th anniversaire par exemple.

Il y a pas mal de fruits frais, de fruits compotés, de caramel, de sucre brun mais aussi une fougue plus végétale.

En fait, ça aurait été très intéressant de se passer de la finition… perso, j’en ai un peu marre d’ailleurs de toutes ce finitions, mais bon, un article à la fois !

Prix

122€

Conclusion

Vraiment c’est bon mais cela peut vite devenir légèrement écœurant sur la longueur… et puis, ça coûte un pont cette histoire, tant qu’à faire je me jette sur un Foursquare 2007 qui coûte la moitié du prix.

En tous cas, ça passe bien et les watts amènent un beau gros peps… dommage pour ce tarif, vraiment, car mettre 122€ pour un truc « qui passe bien », c’est tout de même un peu tristounet.

Note

84/100 car c’est bien trop cher

Rum Artesanal, Trelawny Double Cask

Encore un assemblage mais de deux distilleries jamaïcaines, totalement inconnues mais situées à Trelawny 🙂

Alors ok, dans ce cas ci on se doute qu’il s’agit de Long Pond et Hampden. Mais bon, pour le coup cela pouvait être 2 long pond ou 2 hampden… encore une fois, il serait si simple de pouvoir mentionner les noms des distilleries. Chose à moitié faite par le lettre et « H » et « LP » sur l’arrière, voyez le ridicule de la situation !

Assemblage donc d’un fût de Hampden 1998 et de Long Pond 2000 (ou l’inverse ? boh… )

Titrant 51.9%, ce rhum a été la starlette de dernier « German Rum Festival » où il a été élu meilleur rhum du festival.

Couleur

très clair, tirant plus vers le paille qu’autre chose pour deux jus atteignant tout de même 20 ans de moyenne.

Nez

Pas de doute, on est sur un profil assez funky avec pas mal de fruits, de l’olive, du solvant, de la vanille.

Les 51% sont présents au nez, respirer trop près risque de laisser quelques traces… après cela n’est pas trop gênant, mais on sent bien qu’il faut y aller molo.

Avec un peu de temps, le citron, la banane bien mure et quelques notes iodées font leur apparition. Le profil est assez pâtissier, brioché, beurré et gras… ça reste effectivement très Trelawny style.

Les épices viennent ensuite avec le poivre rose entre autre et une pointe de gingembre.

Le nez reste accessible, très typé et acidulé.

Bouche

Funky, encore une fois on ne doute pas un instant de l’origine de cet embouteillage…

On y retrouve la plupart des marqueurs déterminés au nez avec un beau fumé/boisé en rétro olfaction.

C’est plutôt bien foutu pour les fans de ce genre de high esters, ou de middle esters dirons nous car ça reste assez contenu.

L’olive est quand même assez présente et la finale est plutôt astringente sur un boisé asséchant.

L’alcool est vraiment bien intégré, cela reste tout à fait agréable et cohérent.

Prix

65€

Conclusion

Assez surpris de voir un tarif si sympa pour des rhums de +- 20 ans d’âge tout de même… Je pense que les amateurs de rhums jamaïcains devraient vraiment apprécier ce genre de chose.

Perso, même si je ne suis pas toujours fan de ce genre de profil, c’est très bien foutu et j’aime assez.

Note

86/100

2 thoughts on “Some Kind Of Secrets Distilleries

  1. Bonjour Roger,
    Je partage votre opinion et je pense que la solution va arriver plus tôt qu’on ne l’espère (ou pas 😁). La solution existe déjà dans l’industrie agro alimentaire et dans le high tech.

    Le leader de la sauce tomate vend déjà son produit sous des marques distributeur, qui sont moins chères. Une référence (il faut lire les n° de lot imprimé ou le n° national de fabriquant ) permet de savoir si le produit est fabriqué par la marque nationale ou pas.

    Finalement c’est nous, consommateurs, qui pouvont faire bouger les choses. En refusant d’acheter une bouteille X par manque d’info, ou trop cherd (100e la bouteille de rhum X, gloups), l’embouteilleur sera obligée de revoir son étiquetage, baisser son prix (et c’est a notre avantage) ou arreter d’acheter le rhum de la distillerie, qui devra revoir sa position.

    1. Le soucis ici est que l’embouteilleur ne peut afficher certains noms de distilleries… en refusant d’acheter une bouteille car il manque certaines infos, c’est l’embouteilleur qui est « puni » alors que lui n’a rien demandé…

      Donc in fine, c’est la distillerie qui aura du mal à vendre ses rhums aux brokers, car personne ne voudra les acheter .

      Mais bon, on y est pas encore 🙂

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