Ce soir, grâce à un QDD décidément fort généreux, je vais pouvoir vous proposer une petite verticale de vieux Demerara vieillis principalement en Europe et mis en bouteille par Velier début des années 2000.
Autant vous dire que trouver à l’heure actuelle ces bouteilles est quasi mission impossible.
Au menu donc, les très poétiques « La bonne intention 1985 » et « Port mourant 1985 » ainsi qu’un Enmore 1988.
Deux réduits, un full proof mais 3 vieillissements sur notre bon vieux continent avec donc des anges moins soiffards et une concentration moindre. Mais cela ne veut bien entendu pas dire charrette ! (ni goélette d’ailleurs).
La bonne Intention 1985 / 2000 – 40%
Ce vieux demerara de 15 ans aura été donc distillé chez uitvlugt en 1985 vu que La Bonne Intention à fermé ses portes dans les années 50. Le style a donc été reproduit sur une colonne savalle dans l’illustre distillerie disparue aussi maintenant.
Nous avons droit ici à une réduction à 40 % et un ajout de sucre, j’espère que ça n’aura pas tué le rhum car c’est light quand même 🙂
Couleur: beau rhum acajou. Moyennement gras.
Nez: un nez plutôt torréfié, sur le caramel brûlé, le fumé, un peu de menthol, de pâte d’amande, le vanille et un peu de coco.
C’est très léger forcément et très rond… Pas loin d’un Ron en fait.
Bouche: visqueuse, très ronde, vanillée, boisée, sucrée… Plutôt courte.
Sympa mais bien loin des embouteillages en mode bouteille noire. Ça manque de peps et de longueur mais niveau purement plaisir, ça le fait car c’est bon. Un peu écœurant mais agréable.
Je ne connais pas le prix de l’époque, mais à mon avis pour 50€-60€ je ne me serais pas senti volé…et puis une quille « la bonne intention », c’est quand même la classe 🙂
Port Mourant 1985 / 2000 – 46%
Pareil que pour le précédent, 15 ans en Europe (Hollande apparemment) mais avec une moins sale réduction. Aucune idée sur l’ajout de sucre.
Le vénérable alambic à voyagé de port mourant à Albion et enfin Uitvlugt (encore) où il aura donc été distillé en 1985. Depuis il est dans l’unique distillerie de DDL toujours en activité, Diamond.
Couleur: plutôt clair, vieillissement européen classique.
Ce rhum est vraiment gras, les jambes sont longues et plutôt dodues.
Nez: herbacé, quelques fruits, pommes vertes, poires, quetsches ainsi qu’une légère amertume.
L’alcool est plus présent au nez que sur le LBI mais cela ne gêne pas.
Bouche: encore du fruits à chaire blanche, c’est plutôt frais et vanillé. Le foin est de la partie également ainsi qu’un côté brioché très agréable.
Les 46% apportent du peps à l’ensemble… C’est un tout bon port Mourant, je viens de trouver là le deuxième rhum de cet illustre alambic à mon goût ! D’ailleurs il me fait penser à mon coup de cœur 2017…
Suite à la dégustation, je ne suis pas sur qu’un ajout de sucre a été fait sur ce PM. A confirmer par un pro de l’analyse.
C’est vraiment bien foutu, je suis sous le charme. La réduction laisse ce port mourant s’exprimer et affirmer toute sa classe. Bravo !
Enmore 1988 / 2008 – 51.9%
Ici un beau Enmore distillé chez Enmore en 1988… c’est quand même plus simple!
Hé ben non, raté car le mark sur ce fût était MEA qui apparemment s’apparenterait à une version light du style Versailles et distillé donc avec l’alambic Versailles et non une colonne Enmore (voir ici). Vraiment chez DDL, s’y retrouver n’est pas simple !
Couleur: Le plus clair et limpide des trois…. très belle couleur pas loin d’un rhum paille en fait. Je trouve cela superbe perso.
Nez: cet enmore 88 est fruité et frais, on y retrouve encore des fruits à chaire blanche ainsi qu’une légère amertume boisée.
L’anis n’est pas loin et un tout léger fumé pointe le bout de son nez ainsi que du beurre.
Il s’agit d’un nez assez léger et loin d’un enmore 95 par exemple. On est même clairement à l’opposé en fait 🙂
Bouche: Agrumes (citron), anis, réglisse, poivre, herbes fraiches et …. allez j’ose, du fenouil ?…encore une fois très loin du profil gourmand/pâtissier de certains Enmore.
On est vraiment sur un demerara plutôt classe, subtil et frais. C’est assez difficile à exprimer tout ce qui se passe là dedans en fait mais j’aime beaucoup.
Il y a 2-3 similitudes avec l’Enmore 1988 de chez Bristol. On serait dans les mêmes profils que cela ne m’étonnerait pas mais ça fait quelques temps que je l’ai dégusté, et comme je ne note jamais rien je ne peux être catégorique sur ce point mais ça me fait clairement penser à ça.
En conclusion, voici encore une belle preuve que continental ne rime pas avec…. heu bancal ?
Oui, il peut y avoir de superbes rhums vieillit en grande partie en Europe.
Après on en va pas relancer le débat, mais je suis bien d’accord avec le fait que cela soit étrange de faire vieillir du rhum en Europe… L’aspect économique étant bien entendu la principale raison de cette délocalisation.
Personne n’aurait l’idée saugrenue de faire vieillir un armagnac à Trinidad par exemple. Sur ce principe je rejoins les détracteurs du vieillissement européen.
Pour ce qui est du goût, j’aime quand c’est bien fait, point 🙂
Un tout tout grand merci pour les samples !
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