Some Kind Ov JAWS

Lors de mon voyage à la Barbade avec les copains de chez Planteray, nous avions bien entendu visité la fameuse West Indies Rum Distillery, qui appartient comme vous le savez à le Maison Ferrand, maison mère de la marque Planteray, Citadelle etc… Et là-bas, Alexandre Gabriel nous avait montré, avec la passion qui le caractérise, les entrailles de ce monstre d’acier où s’entremêlent odeurs, vapeurs et bruits, le tout dans un cadre juste paradisiaque.

Sur place, nous avions eu la joie de passer à côté de prodigieux alambics comme le Vulcain ou encore le Rockley Still, héritage de la WIRD qu’Alexandre comptait bien remettre en production le plus rapidement possible.

Et un des nombreux aspects de cette visite aura été la fermentation et la culture de levures spécifiques afin d’arriver à produire des monstres « High Ester« , comme la Jamaïque ou le Réunion peuvent produire…Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça « puait » très bon dans ce coin là !

Enfin, nous avions eu le grand plaisir de déguster certains rhums vieux, High Ester justement… et c’était vraiment excellent, même avec certains qui ne dépassaient pas les 3 ans.

C’est donc dans la continuité de cette mémorable aventure que je vous propose la dégustation de deux rhums High Ester de chez WIRD, du premier mark officiel de la distillerie: JAWS !

Les deux ont vieillis 6 mois sur l’île, mais n’auront pas connus la même suite, l’un étant prédestiné à devenir le premier embouteillage Stade’s Rum en Europe, et l’autre une exclusivité de la boutique du Château de Bonbonnet à Cognac sous la marque Planteray.

Troisième embouteillage de la marque Stade’s Rum et premier pour l’Europe, ce rhum High Ester a été distillé en Pot Still après que les mélasses ne fermentent durant 1 semaines. Embouteillé 996 fois à 56% d’alcool pour les 10 ans de la confrérie du rhum, sans dosage.

Je me souviens d’ailleurs avoir glissé à l’oreille de Benoit lors de ce voyage, l’idée de sortir le premier Stade’s Rum en Europe avec une cuvée « La Confrérie du Rhum » tellement la visite des chais nous avait enchantée… apparemment, l’idée a fait son chemin et je me plais à penser que cette petite discussion aura peut être engendré cet embouteillage 🙂

Nez

Ha oui, de fait ça sent le rhum « High Ester », clairement à l’aveugle, on part sur l’île à Bob 🙂

On va retrouver là un très beau côté bien beurré, avec pas mal de massepain cru, des fruits exotiques avec de l’ananas rôti et des agrumes, des fruits du verger avec la pomme, des épices avec la muscade et le poivre blanc, de l’olive et un léger côté synthétique rappelant la colle et autre solvants et un délicat fumé.

L’alcool est plutôt bien balancé et pour un rhum très typé, il ne l’est pas trop justement. Par contre on sent que c’est jeune, même si les notes boisées sont présentes avec un léger chocolat au lait, quelques pointes de réglisse et un fin caramel.

Bouche

En bouche, les notes d’olives vont se faire légèrement plus imposantes, derrière un voile caramélisé, des fruits à coque comme les noisettes, miel, agrumes, nougat, quelques herbes aromatiques et une légère acidité.

Sur la fin de bouche, on va retrouver le fumé, la réglisse, du cuir et une légère amertume et un côté carton humide… bon, cette dernière remarque, ça vaut ce que ça vaut hein 🙂

Prix

75€

Conclusion

Commençons par ce qui fâche un peu…75 balles pour un rhum âgé de 6 mois, on va encore dire que je râle, mais ça fait quand même un peu cher je trouve, aussi bien habillé soit-il 😩

Ensuite, j’aurais tendance à trouver ça sympa mais sans plus en fait. Je pense qu’avec quelques années en plus, ça l’aurait rendu plus complexe et plus gourmand probablement. Il me fait un peu penser en ce sens au Worthy Park WPE pour LMDW quelque part.

Dommage car ceux que j’avais gouté sur place, plus âgés, étaient vraiment très très biens. Preuve que la base est bonne mais j’aurais gardé ce batch pour les 15 ans de la confrérie du coup 🙂

Score

84/100

Nous sommes ici aussi en présence d’un rhum « High Ester » du mark JAWS, vieilli lui aussi durant 6 mois à la Barbade mais qui aura eu droit à 6 mois supplémentaires en ex fût de sauce piquante… oui, quand je rigolais des finish en ex fût de bolognaise, on y arrive vraiment j’ai l’impression 🙂

Comme pour le premier j’y suis allé de ma petite anecdote personnelle, je vous propose donc une autre pour cet embouteillage: je pense être passé à côté de ce fût lors de mon passage au château Bonbonnet l’année passée, voilà … c’est tout 🙂

Embouteillé à partir d’un fût unique donc, cette édition limitée uniquement à la boutique du château titre 49.5% d’alcool, avec un dosage de 12 g/litre.

Nez

Nez aussi beurré que le précédent, on va encore retrouver ce nougat, ce fin caramel, des fruits tropicaux comme la banane et les ananas, l’orangette, des noisettes et effectivement, le nez laisse entrapercevoir quelques notes de tabasco et de piments.

L’impression est très ronde, les 12 grammes de sucre par litre doivent clairement y être pour quelque chose j’imagine 🙂

Le côté high ester semble par contre plus en retrait, il reste une légère olive mais je ressens moins le côté synthétique du Jaws de la CDR.

Bouche

Ha ben oui, ça pique quand même un peu ce truc, mais pas à cause de l’alcool… très étrange comme sensation en dégustant un rhum.

Passé ce moment d’étonnement, on va retrouver une grosse rondeur, du caramel, du nougat, un fin chocolat au lait, quelques notes plus herbacées, des épices (forcément), des fruits secs, de la sauce tabasco… et puis c’est un peu tout car là mon palais est mort car ça piquote un peu de partout.

C’est tout à fait tenable, mais ça me dérange très fortement en fait.

Prix

64€

Conclusion

Alors la grande question sera un énorme « Pourquoi » ? Qui a eu l’idée de mettre ce rhum dans un fût de sauce piquante… et plus grave encore, qui a trouvé que c’était effectivement une bonne idée ! 🙂

Bon je dis ça sur le ton de la rigolade, mais j’avoue que là c’est franchement trop pour moi. Sans être infecte, ce n’est juste pas agréable je trouve.

Ou alors, en cocktails, mais comme je suis vraiment naze pour ces trucs là, je ne sais pas trop.

Tu vois Ivar, c’est ça l’honneteté intelectuelle, savoir dire qu’un produit de gens qu’on apprécie n’est pas génial, tout en aimant les Foursquare d’un mec qu’on trouve vraiment lourd 🙂

Score

69/100


En guise de conclusion, comment ne pas dédier cet article à Susan Backlinie, qui incarna avec une intensité poignante le rôle tragique de Chrissie Watkins, la première victime du requin impitoyable dans « Les Dents de la mer ».

Cette tragique disparition a marqué les esprits et rappelé la puissance imprévisible de la nature face à l’homme (et le femme dans ce cas précis). Puisses-tu reposer en paix, loin des profondeurs obscures qui t’ont emportée et que ton souvenir perdure et inspire vigilance et respect pour la mer. 🦈

À tous les baigneurs de ma communauté, n’oubliez jamais ce conseil de l’oncle Roger : choisissez toujours vos lieux de baignade avec soin et n’oubliez jamais les dangers potentiels qui peuvent se cacher sous la surface !


Merci Mathieu pour les photos de bouteilles 😉

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