Eleveur de rhum, en voici une bien belle profession qui semble bien réussir à certains, comme Karukera ou encore Guillaume Ferroni par exemple. Et comme toutes professions, il y a moyen de se la jouer « amateur à la maison », avec plus ou moins de réussite suivant les cas.
Ici, je vais vous parler de l’expérience d’un pote de dégustation, Pascal qui s’est mis en tête d’élever du rhum de la distillerie La Favorite…le tout sous le climat très nuageux et tempéré de la province de Liège, au centre du monde donc.
La première étape de son aventure est bien entendu de trouver un fût… Neuf et petit probablement, car il ne compte pas utiliser un ancien fût de bourbon de 180 litres ou un Sherry Butt de 500 litres, faut quand même rester les pieds sur terre un minimum.
La préparation…
Chercher un fût n’est pas chose aisée, et après quelques recherches, c’est vers la tonnellerie Allary que son choix se fera. Ce sera tout logiquement la version 5 litres, qui correspond à la taille de son projet, que Pascal va privilégier.
Une fois le fût arrivé dans notre chère Belgique, premier couac… il y a de la paraffine présente dans le fût. Oublier de s’en débarrasser à l’eau bouillante serait la meilleure façon de merder le vieillissement du rhum !
Deuxième étape, remplir le fût afin d’en extraire le plus de tannins, sinon le rhum va se transformer en immonde jus de bois. Pascal décide de faire cela avec du muscat de Rivesaltes pendant 2 mois, suite à un article qu’il avait trouvé sur Internet.
Lors d’une visite chez son caviste, ce dernier au courant du projet lui proposa de vider le fût et de le remplir avec du Jim Beam, histoire d’arrondir le tout. Et cette fois ci, cela restera 8 mois dans le petit fût de 5 litres !
Le remplissage
Afin de limiter légèrement le coût de l’entreprise, le choix de Pascal se fait très vite sur sa distillerie de coeur, La Favorite ! Profitant justement d’un retour de 2 cubis de Favorite Coeur de Canne de Martinique, l’occasion faisant le laron !
Après 7 mois, retour chez le caviste pour une première dégustation. Résultat: le coté boisé devient déjà assez important, il va falloir surveiller ça de près pour ne pas que ça devienne imbuvable… petit moment de stress donc mais Pascal ne se laisse pas démonter pour autant !
De retour à la maison, notre apprenti éleveur de rhum remarque que les anges se sont bien servis et qu’il manque déjà un bon litre (sur les 5, les salauds). Mais il reste justement 1 litre dans le cubis (on voit bien qu’on était pas chez Nico) et la décision est naturellement prise de l’ajouter dans le fût.
Nous avons donc un rhum agricole élevé avec la méthode Solera en Belgique… Il aurait fallu le faire vieillir à bord d’une péniche sur la Meuse pour le rendre dynamique, et on avait toutes les médailles 🙂
Trois mois plus tard, dernier tasting chez Hubert, remise d’un sample pour moi et le lendemain mise en bouteille vu le résultat plus que satisfaisant de cette dégustation.
De mon côté, je confirme avoir trouvé cela très très bon… l’ayant dégusté à l’aveugle, j’ai été du coup très impressionné quand j’ai su toute l’histoire !
L’épilogue est que le muscat était lui imbuvable, le whisky par contre s’est adouci et Pascal a obtenu 7 bouteilles de Favorite cuvée « Poseidon« .
Donc oui, il semble que cela soit possible de faire son rhum vieux à la maison… mais il faut de la patience (20 mois ici) et beaucoup d’attention.
Imaginez le travail d’un maître de chais qui doit gérer le vieillissement de plusieurs centaines de barriques !
Merci Pascal !!