Lineup Cognac cette fois-ci, car comme j’aime le dire pour bien d’autres belles choses: « Le cognac c’est quand même un peu la vie… » Car oui, ce spiritueux est pour moi une des choses les plus élégantes qu’on puisse trouver dans le monde des spiritueux. Cela n’engage évidemment que moi, mais comme ici je dis ce que je veux, j’imagine ne pas être loin de la vérité absolue.
Donc nous allons nous attarder sur quatres embouteillages provenant de divers horizons, diverses régions et divers embouteilleurs.
Les régions d’ailleurs, parlons en ! Saviez vous qu’il y avait six crus dans l’appellation Cognac, et tout cela délimité par décret le 1er mai 1909 !
- Grande Champagne
- Fins-Bois
- Petite Champagne
- Bons-Bois
- Borderies
- Bois-Ordinaires
6 appellations bien distinctes, avec chacune leurs particularités au niveau de la terre, de l’influence maritime, du climat et tout cela a bien entendu une indicence notable sur les propriétés gustatives du spiriteux.
Les Eaux de vie de Grande Champagne se distinguent par leurs bouquets très fins et très longs là où les eaux de vies de Fins Bois seront plus charpentées mais sans lourdeur. Cela influe aussi sur le vieillissement, un Borderie vieillira par exemple plus vite qu’une autre origine.
A cela on pourra ajouter les différentes appellation de l’AOC qui régit le monde du Cognac, une des plus sévères au passage:
- ★★★, V.S. (Very Special), De Luxe, Sélection ou Millésime, La plus jeune eau-de-vie de l’assemblage est dite compte 2, âgée de 3 ans au minimum.
- V.S.O.P. (Very Superior Old Pale), Réserve, Vieux, Rare, Royale, La plus jeune eau-de-vie de l’assemblage est dite compte 4, âgée de 5 ans au minimum.
- Napoléon, Très Vieille Réserve, V.O. (Very Old), X.O. (Extra Old), Héritage, Excellence ou Suprême, La plus jeune eau-de-vie de l’assemblage est dite compte 6, âgée de 7 ans au minimum.
- X.O. (Extra Old), Hors d’Âge, Extra, Ancestral, Impérial ou Gold, La jeune jeune eau-de-vie de l’assemblage est dite compte 10, âgée de 11 ans au minimum.
Enfin, les millésimes peuvent exister depuis 1989 et doivent être certifiés par huissier de justice afin de pouvoir tracer toute l’histoire du/des fût(s). Ces derniers étant d’ailleurs scellés et déscellés uniquement par ce dernier, quand on veut le déguster et/ou le mettre en bouteille. Ceci afin d’éviter une quelconque modification du spiritueux.
Hors de question de proposer un Cognac de 1962, par exemple, sans le précieux sésame… Si ce n’est pas possible, on parlera d’un « Lot 62 » ou une autre astuce.
Bref, un cognac n’est pas l’autre mais attention, son origine ne veut clairement pas dire pomme de terre, il s’agit aussi et avant tout d’une histoire de savoir-faire et donc la qualité viendra le plus souvent de son producteur/assembleur que du cru.
Cognac Prunier XO – 44,5°
Ce fût provient de la Maison Prunier. Il s’agit d’un assemblage de cognacs âgés de 13-16 ans et vieillis dans des fûts en chêne de la forêt du Tronçais. C’est surtout du fin bois et du bon bois qui composent cet XO, mais il y a, en plus petites quantités, de la petite champagne, de la grande champagne, et un peu de borderie. Du fin bois 1995 fait aussi partie de l’assemblage.
Disponible uniquement à la boutique Rhum Attitude de Bruxelles, il était proposé de venir avec sa propre bouteille et de soutirer le cognac directement au fût.
Nez
Un nez très fruité, élégant où l’on pourra détecter une belle matière beurrée, acide et pleine de fruits du verger.
Les tanins sont présents avec la boîte à cigare, le chocolat noir, les fruits secs sur un profil assez frais, limite mentholé.
L’alcool est plutôt fondu à l’ensemble, c’est très agréable.
Bouche
Très belle entrée en matière avec encore un profil assez gras où nous allons pouvoir retrouver un beau fruité porté par la pomme granny, l’abricots, les agrumes et un fin boisé qui va contre balancer tout cela tranquillement avec du tabacs, vanille, beurre et chocolat au lait.
La finale est moyennement longue, épicée, métallique et légèrement amère.
Prix
63€
Conclusion
Chouette « petit » Cognac que cette sélection de chez Prunier avec une eau de vie jeune, classe, élégante et « facile »… idéal pour se plonger dans le monde du Cognac.
Dommage pour la finale légèrement amère et métallique, je ne suis pas toujours fan de ce genre de chose.
Score
87/100
Cognac Bons Bois N°91 – 49.6%
Sélectionné par Hubert Corman, cette version est un fût frère du premier batch dégusté ici même à l’époque.
Mis en bouteille chez et par Grosperrin pour CRhum / Corman-Collins en 2023 à 49.6% d’alcool. Et comme son nom l’indique, il s’agit d’un Bon Bois datant de 1991, mais n’ayant pas tous les documents attestant cette date.
Cerise sur le cake, mis en bouteille en bouteille noire 🙂
Nez
Une belle acidité se présente directement à nous, couplée avec un profil relativement gourmand et beurré.
Le profil parait plus robuste que les autres cognacs dégustés ce soir. Les fruits ressortent assez bien avec pas mal de fruits du verger, d’agrumes et une légère pointe plus exotique. Le boisé est présent aussi mais avec un beau chocolat au lait légèrement torréfié, caramélisé et mélangé à la pâte d’amende et autres fruits secs.
Sans être péjoratif, je lui trouve un côté plus « fermier », limite minéral en fait… profil que j’aime assez bien en fait et qui change. Il me fait en fait légèrement penser à un vieux vin blanc du Jura.
Bouche
La bouche est douce et délicate, on va retrouver un profil effectivement assez minéral et sombre avec un bel ajout de fruits légèrement acides.
La suite va des fruits secs au cuir en passant par les fruits à chaire jaune, le miel, les agrumes, le cuir, le chocolat noir, les levures, la réglisse et le tabac.
Très belle intégration de l’alcool, tout semble fondu et équilibré… j’aime beaucoup !
Prix
139€
Conclusion
Très belle sélection où le parti pris de sélectionner un Bons Bois est assez courageux car relativement rare au final.
Profil qui change donc, tout en restant aussi qualitatif que son prédécesseur.
Score
90/100
#22 « Le prince des vignes » – 43,1%
Ce lot 60/70 de chez Jean Fillioux est une composition principalement des années ’60, avec quelques Cognacs des années ’70 ajoutées il y a environ 20 ans.
Cette grande champagne a subi une réduction naturelle allant jusqu’à 43,1%. Mise en bouteille en collaboration avec Tastoe en Belgique, seulement 378 bouteilles !
Nez
Très fruité, ce nez nous propose directement une vrai salade de fruits du verger assemblée avec quelques notes plus exotiques comme la mangue et la banane.
Ensuite, un profil assez gourmand, mielleux et limite caramélisé vient envelopper tout cela avec un boisé tout aussi avenant.
Enfin, une légère acidité termine ce nez tout bonnement excellent !
Bouche
Je commence par la fin, l’alcool est hyper bien fondu et accompagne de très belle façon ce profil toujours aussi fruité, gras, gourmand et chaleureux.
On retrouve cette fameuse corbeille de fruits continentaux et tropicaux avec un beau beurré et un boisé mélangeant un léger menthol, du chocolat noir, des épices, la pâte d’amende, un léger cuir et du tabacs.
La finale est soutenue et nous donnera du raisin de Corinthe bien sec et de chocolat noir entre autre…. génial !
Prix
349€
Conclusion
Hé bien… ça c’est de la sélection ! Bravo, c’est vraiment top !
Score
93/100
#21 Le soleil du printemps – 54.9%
La marque Cognac Vaudon se concentre sur un seul « cru » de cognac : Les Fins Bois, le plus grand cru de la région. Son sol léger est composé d’argiles calcaires dures et superficielles (silicifiées). Il apporte du corps et de la douceur à leurs cognacs.
Ce cru est connu pour vieillir rapidement, il développe très tôt des notes épicées et réglissées. Ils utilisent les raisins d’Ugni Blanc – passés mécaniquement en septembre – et suivent les règles les plus strictes de l’œnologie moderne grâce à un pressurage pneumatique délicat, une légère filtration par décantation, un levurage et une fermentation thermorégulée en cuves inox, ainsi qu’une analyse approfondie des constituants de chaque vin.
Ce sont les bases de la qualité de leurs eaux de vie. Ils n’ajoutent aucun soufre à leurs vins.
Ce lot 77 titre 54.9% d’alcool et est limité à 390 bouteilles.
Nez
Il porte bien son nom ce Cognac, « Soleil de printemps » où nous serions en plein milieu de champs de fleurs !
Il y a aussi assez bien de fruits, d’agrumes, de miel, un léger caramel, de la cire, de la résine de pin et quelques arômes tirant légèrement vers la colle.
Un nez assez généreux, légèrement terreux et qui m’évoque aussi légèrement un vieux vin du Jura…. oui je sais, excusez moi mais je viens de tomber amoureux de ces trucs là, je les retrouve donc même dans des vieux cognacs ou autres whisky 🙂
Bouche
L’attaque est évidemment plus franche du haut de ses 54%, mais cela reste tout à fait acceptable mais si ce dernier fait nettement moins classe que les autres de cette soirée… J’ai bien fait de terminer par celui-là !
On retrouve encore l’acidité des agrumes lié à un beau profil brioché et légèrement boisé avec quelques effleuves plus cendrées et torréfiées.
Les fruits du verger, un leger caramel, du thé noir et une finale plus réglissée viennent terminer cette dégustation.
La finale est très florale, comme son nom l’indique… vraiment bien trouvé 🙂
Prix
199€
Conclusion
Alors je ne sais pas si le si haut niveau de cette soirée fait que, mais ce dernier me semble légèrement en dessous de ses illustres collègues de ce soir en fait.
C’est très bon et bien fait, mais je ne retrouve pas l’équilibre ou la subtilité des autres Cognacs dégustés ce soir… J’aurais dû le mettre dans une soirée Jamaicaine 🙂
Score
88/100
‘L’attente 52″ – 43.9%
Assemblage d’un Cognac de chez Vallein Tercinier comprenant une Dame Jeanne de 1952 et de quelques gouttes de Cognac Gautier de 1762… 100 bouteilles ont été soutirées pour Jack Tar.
Nez
Encore du fruits, j’adore cela et cette dégustation est juste parfaite pour moi !
On retrouve des notes de pêches (-mode… désolé, je sors), d’abricots, de miel, de caramel, de bois cendré, de tabac, de chocolat noir, d’épices de Noël et de fleurs jaunes.
Les notes plus sombres sont même plus présentes à l’aération, mais toujours avec une petite acidité fruitée très agréable.
Bouche
La bouche est soyeuse…. c’est super élégant, subtil et plein de charme.
L’équilibre entre le fruité et le boisé est juste époustouflant avec de très belles notes de marmelade de fruits, d’un léger et élégant caramel, de miel, de tabacs, de chocolat, de cuir, de fleurs, de cire et de pâte d’amende.
La finale nous renvoie vers cette face légèrement plus sombre découverte au nez.
Prix
825€
Conclusion
Là on touche quand même à du très lourd avec un spiritueux à déguster en costard/cravate tellement c’est bien fait…. bon après, à 825 balles, ça peut hein 🙂
Score
92/100