C’est la rentrée, c’est l’heure de s’y remettre… ou pas. Hé oui, j’ai en effet décidé de prendre un peu de recul par rapport au monde du rhum afin de revenir aux fondamentaux: prendre du plaisir. Donc il y aura bien entendu toujours des publications sur ce blog, au rythme que la vie me permettra et, comme depuis le début de l’aventure, de la manière dont je le souhaite. Par contre il y aura nettement moins de présence sur les réseaux sociaux, les podcast, les films d’action, les concours d’Iron Man, les salons etc… Voila, ça s’était l’annonce en vitesse sans virer dans le megalo-dramatique 🙂
Et pour cette rentrée, j’ai décidé de vous parler de deux petites bouteilles qui auront assez bien fait parler d’elles car leur disponibilité aura été tout un temps « aléatoire », je veux parler des deux mamy embouteillées par Bristol Spirits: Un Long Pond de l’âge d’Olivier Scars et un Port Mourant de l’âge du crash Senna/Prost à Suzuka ! (quel scandale !)
A noter que pas mal d’autres références ont été proposées par Bristol cette année dont une grande partie me font de l’oeil, à l’occasion on trouvera le t€mps d’en parler 🙂
Port Mourant 1990/2022
Distillé chez Uitvlugt en 1990 à partir du mythique alambic en bois de chez Port Mourant, ce rhum aura passé une partie de sa vie en ex fût de bourbon et une seconde maturation dans un ex fût de … Porto ! Et moi quand je lis ça, je pense direct à « Il devait être bien râté pour le mettre là dedans ». J’avoue que c’est pas hyper constructif comme remarque mais c’est ma première pensée.
Après, on parle quand même de Bristol ici, ils savent plus qu’y faire niveau rhum et c’est pas comme si on évoquait un rhum blanc vieilli 3 semaines dans un ex fût de bolognaise.
Titrant 46.7%, j’imagine que ce dernier n’a pas été réduit vu la précision du degrés d’embouteillage, ce rhum est tout de même âgé de 31 ans !
A noter pour les fanatiques de « tropical aging » que ce dernier serait resté une grosse dizaine d’année en Guyana.
Nez
Le premier nez est plutôt fruité comme un Port Mourant peut l’être, mais avec effectivement un côté nettement plus liquoreux/ gras que ce que l’on peut être en droit d’attendre de ces rhums plutôt secs.
On sent en effet directement que nous n’avons pas droit à un ex fût de bourbon dans ce cas ci.
Je peux y retrouver quelques notes de fruits du verger, de fruits à chaire blanche, de colle, de réglisse, de cassis, de mélasse, de sucre brun, de caramel.
Bien entendu, le bois a sa place mais pas de façon exagérée à la vue des 31 ans du bestiaux. Il y a du chocolat noir, du tabac, du poivre et quelques pointes de vanille.
Sans être totalement sous le charme, j’avoue que ce côté chaleureux me plait relativement bien. Même si je préfère les tops Port Mourant en fûts de bourbon comme le cultisime Masam 2003.
Bouche
La bouche me laisse plus de marbre, c’est plutôt bon mais il est plus délicat de retrouver le côté Port Mourant en fait.
Pour tout dire, la finale me ferait presque penser à un finish en fût d’Islay tellement ce poivré mélangé à quelques traces plus cendrées pourraient faire penser à un whisky tourbé.
C’est très doux, nous avons là un équilibre comme Bristol peut souvent nous proposer mais quelque chose me dérange dans ce spiritueux. Je ne retrouve pas trop mes repères Demerara et je pense que j’aurais eu beaucoup de mal à trouver la provenance à l’aveugle.
Le chocolat noir, le tabac, la réglisse, le cassis, le poivre, le cendré, le fumé sont en effet prédominant sur le côté fruité que j’aime tant dans ces vieux Port Mourant continentaux. (aaargh, c’est des faux !)
Prix
515€
Conclusion
J’avoue être relativement déçu de cette version PM par Bristol… loin d’être mauvais (J’ai fini mon verre tranquilement), j’en attendais plus en fait. Et surtout, comme me disait un bon copain, j’aurais aimé le déguster sans cette finition.
Note
81/100
Long Pond 1985/2022
Place à la star de la soiré, le « Fine Jamaican Rum » ! Et oui, un très vieux brol distillé en 1985 chez Long Pond en Jamaique et resté 12 ans sur place avant de passer 25 longues années se calmer aux Royaumes-Unis.
37 ans ! Oui, je vais déguster un rhum de 37 ans et ce dernier ne coûte même pas 5000€…. là où certains blancs demandent plus d’un euro le centilitre, je trouve qu’on s’en sort encore assez bien par rapport à la folie actuelle dans le monde du rhum.
Nez
Un nez très « Bristol » ! C’est fin, c’est délicat, c’est gras et c’est typé… J’adooore ces gens 🙂
Le nez nous plonge directement en Jamaïque avec des belles effluves de fruits bien murs tels la banane, la papaye, la mangue accompagnés d’un côté fumé et limite animal où on pourra rencontrer le cuir, la poiscaille et le fumé.
L’olive et le côté saumuré ne sont pas en reste et pourraient limite nous faire penser à un Hampden. Mais je trouve que le boisé est plus présent que sur le plupart des Hampden. Bon après, ils sont voisins, mais ça veut pas dire pomme de terre.
Très expressif, funky et terriblement Jamaïcain, ce rhum est un beau rhum parfum avec un alcool hyper bien intégré.
Top.
Bouche
Pwaaaa, quand je dis que l’âge est souvent le meilleur ami des rhums aussi typés que ces rhums high esters, je trouve que je ne me trompe pas trop 🙂
Ce rhum est juste incroyable de finesse et d’élégance tout en gardant une typicité limite bestiale.
C’est fruité, fumé, saumuré et légèrement boisé. On y retrouve tout ce qu’on aime de ces rhums Jamaïcains, avec un fin boisé et le côté bien funky de l’île. Le tout avec un alcool parfaitement intégré.
Prix
595€
Conclusion
Quand je pense que certains critiquent les doubles vieillissements tropiques/continent, il faudrait vraiment qu’ils dégustent ce genre de vieux rhums.
En enlevant tout le côté politico/financier/oeillère de cheval de toutes ces discussions, et en ne parlant que qualité, force est de constater que seul ce genre d’élevage peut arriver à faire des choses aussi classes, élégantes et agréables.
Note
93/100
Merci à CRhum/Corman Collins pour les chouettes photos.