Demerara The Duchess

Retour non pas sur un mais bien deux demerara tout droit venus de chez nos amis de « The Duchess » en Hollande… Tout grand merci à Nils pour l’envoi de deux chouettes samples !

Et comme d’habitude avec les demerara, c’est le bordel… à savoir un Diamond 1998/2019 qui serait un Enmore et un Enmore 1990/2019 qui serait un….Diamond ? non, pas possible ça, c’est un Versailles en fait 🙂

Oui, c’est toujours un peu sport pour s’y retrouver mais ça rend le jeux plus comique je trouve. Tout deux vieillis en grande partie en Europe plus de 20 ans…

Derniers embouteillages de la série « flowers », une fois de plus, Hans Dilesse aura fait une magnifique travail au niveau des étiquettes…Superbe !

Diamond 1998

Concernant ce Diam…heu cet Enmore, particularité, il aura été transvasé dans un fût ayant contenu de l’armagnac avant cela et y sera resté tout de même 8 ans.

Titrant 50.8%, ce jus de 20 ans plutôt clair devrait, sur le papier en tous cas, nous promettre pas mal de fruits….

Alors, que va nous donner ce mélange raisin/mélasse ? Nous avions déjà dégusté de la tourbe et du raisin, c’était assez spécial tout de même, voyons voir ce que nous réserve celui ci !

Couleur

Paille, relativement gras.

Nez

Le premier nez est assez étrange, sur la Colle pritt et la vanille notamment. Fort heureusement, la suite est plus logique avec pas mal de fruité dont l’orange et l’ananas… Peu de traces boisées et un alcool plutôt présent.

Avec le temps, le nez tourne plus vers quelque chose de végétal, mentholé avec un côté limite chartreuse ou vieille liqueur. Quelque chose du style en tous cas.

Bouche

Vanille, raisin, colle pritt encore… un aspect très huileux, sucré, liquoreux comme une sorte de vin blanc très moelleux.

C’est fruité aussi, avec de la pomme, de l’abricot et chocolaté mais pas amère, plus gras comme du chocolat blanc en fait.

C’est assez spécial et loin de l’idée qu’on se fait d’un Enmore étrangement…

Prix

95€

Conclusion

Très spécial, pas mauvais mais peut être trop « sucré » à mon goût et pas assez demerara 🙂

Mais d’où vient cette idée de mettre un Enmore dans un fût d’armagnac ? Il y serait resté les 8 dernières années de sa vie, cela est plutôt étrangement long.

De plus, on l’a balancé dans ce fût alors qu’il avait déjà 12 ans de vieillissement.. cela me parait étrange de prendre cette décision avec un rhum déjà si âgé. A t on voulu cacher un rhum qui partait en vrille ?

Dans tous les cas, cela n’est pas mauvais mais ça reste…étrange, c’est le mot 🙂

Note

84/100

Enmore 1990

Élabore en 1990 au domaine Enmore en Guyana, ce jus est le fruit d’une distillation dans un des 3 derniers alambics en bois au monde, le célèbre alambic Versailles. Situé maintenant à la distillerie Diamond, cet alambic aura traversé les siècles et est une vrai pièce culte, au même titre que le Port Mourant et la colonne en bois d’Enmore.

Vieillit 28 ans en fût de bourbon, j’espère que le temps aura atténué cette amertume boisée typique avec laquelle j’ai tant de mal …

Couleur

Paille

Nez

Beurré, fruité avec de la pomme, de la poire et un côté colle/solvant délicat.

J’y retrouve aussi des fleurs jaunes, une pointe de violette et un tout petit peu d’amertume boisée, pas trop dérangeante mais présente.

C’est plutôt charmeur et parfumé…un nez délicat et assez fin.

Bouche

« Versailles alert« , on est clairement dans ce qu’on peut attendre d’un Versailles continental sans ajout de mélasse…

Encore une fois, les années semblent avoir lissés, polies le spiritueux qui est assez classe du coup.

C’est beurré, gras, vanillé, fruité avec une pointe d’amande qui peut donner l’impression d’une frangipane, herbacé.

La provenance des fruits est plus à chercher du côté du vergers que des tropiques, c’est assez frais et agréable. Une pointe de cassis est aussi de la partie et apporte une légère amertume plutôt sympa.

Quelques épices dont un aspect légèrement poivré, anisée est à noter, c’est plutôt fin.

Le bois est présent mais pas trop, juste une petite pointe d’amertume métallique en fin de bouche mais sans être prédominante.

Prix

245€

Conclusion

Une belle expression d’un vieux Demerara vieilli sur notre belle Europe durant presque 3 décennies… le prix va forcément de paire malheureusement.

Mais ce rhum est plutôt fin et classieux, j’aime vraiment cela !

Note

87/100

3 thoughts on “Demerara The Duchess

  1. Bonjour Roger,

    Encore une superbe dégustation, le deuxième fait vraiment envie effectivement.

    J’ai tout de même une question avec le besoin de transparence qui semble toujours plus fort, comment toi tu vois ce genre de rhum qui à la fois donne pas mal d’info sur le produit et tout de même reste flou sur d’autres aspects ? Notamment, pourquoi il ont vieilli 8 ans de plus le premier en fût d’Armagnac.

    Toujours un plaisir de te lire.

    1. Salut Régis,

      le besoin de transparence est plutôt relatif je trouve… les gens deviennent justes plus geek avec ce genre de produits et veulent avoir plus d’informations qu’avant.

      Après pour les embouteilleurs, ce n’est pas toujours évident, même pour eux, de savoir toujours exactement ce qu’il se passe avec ces jus. Les brokers ne disposent pas toujours des informations et du coup, c’est pas simple d’être « transparent ».

      Néanmoins, la plupart du temps on peut déjà retrouver pas mal d’infos rien qu’à la dégustation.

      Regarde le uitvlugt 1991 de Rasta Morris, perso je suis +- persuadé qu’il s’agit d’un Port Mourant mais Bert n’en sait pas plus lui même…

      Pour ce qui est du vieillissement en fût d’Armagnac, aucune idée du comment du pourquoi mais je pars du principe que ce genre de chose n’aurait pas été fait sur un truc exceptionnel 🙂

      J’imagine qu’un défaut a voulu être corrigé ?

      Merci pour ton intérêt 😉

      1. Merci pour ta réponse. Je m’imaginais bien que tu me répondrais quelque chose dans ce goût là et je le partage. Je sais qu’il est difficile de tout savoir, même pour un distillateur. Certains sont de simple fermier. L’information la plus détaillée n’est pas leur objectif premier. Le plus important est de satisfaire les papilles des consommateurs.

        Des geeks du rhum, intéressant comme interprétation du phénomène. J’aurais plutôt qualifié cela de fanatisme, mais geek est assez juste.

        Pour ton interprétation du vieillissement en Armagnac, je trouve cela très intéressant. C’est un procédé qui semble parfaitement logique et qui sous entend aussi un certain savoir-faire pour amener un rhum vers là où on veut. J’ai encore beaucoup à apprendre sur les apports du bois dans le rhum.

        Au plaisir de te lire.

        Rhumamicalement,

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