Caroni 10 ans Sherry

Bristol ayant eu la bonne idée de sortir ce caroni 10 ans en deux versions, je me suis un peu retrouvé embêté quand j’ai décidé de faire une note sur le 43%… vu que je n’avais pas la version 46%

Petit message à mon copain Marius d’outre Rhin avec qui je discute souvent et dont je savais qu’il avait cette version. Et il se fait que lui n’avait pas ma version… les choses sont quand même bien faites non ?

Du coup on décide de s’envoyer un sample à chacun et comme on était en forme, on a imaginé une dégustation croisée qui serait publiée sur les deux blogs (ici et sur Single Cask Rum)

Sie ist nicht schön die belgo / deutsch freundschaft ?

Donc nous testons ce Caroni 10 ans finition sherry qui est sorti en 2015… Étrange quand on sait que la distillerie n’était plus en activité en 2005 ! D’où ma première discussion avec John Barrett afin d’en savoir un peu plus sur cette histoire.

Voici son explication:

Ce rhum est un mélange de deux marks HTR et LTR et a vieilli en grande partie à la distillerie. Ces fûts avaient déjà plus de 10 ans quand nous les avons rapatrié aux Royaume Unis et leur maturation s’est continuée en fût de Sherry.


La seule certification sur l’âge que nous avions de la distillerie était 10 ans, donc nous l’avons labellisé ainsi même si le rhum est plus âgé.

Voila, on en saura pas plus mais c’est déjà pas mal au final. A savoir que d’autres de ces fûts ont été assemblés avec un fût Caroni 1993  (sans sherry) pour donner naissance au Caroni VSOC.

Donc voila pour les présentations, place aux dégustations avec à chaque fois l’avis de Marius suivi du mien.

A gauche le 43%, à droite le 46%

Couleur: bel or brun, relativement gras. les deux versions sont très proches

Nez de la version 43%

Marius: Un peu discret et très fort sur les notes de Sherry.

Les fruits à noyau noirs et les baies sont mes premières associations et dominent à peu près le caractère général du rhum.

Puis des agrumes, du bois et des éléments légèrement plus sucrés.

Après un certain temps, des éléments plus minéraux, semblables à la terre, et de la cire de bougie, c’est-à-dire des arômes que je préférerais généralement associer à TDL / Angostura.

Roger: Arf, sherryyyy 🙂 beaucoup de muscade, vanille,orange sanguine, caramel brûlé, noyau de cerise, biscotte, pain gris, caoutchouc, poivre, raisin secs, cuir, cire chaude, fumée. Un caroni bien submergé par le sherry…

« trop de sherry tue le caroni »

Néanmoins, c’est plaisant, très chaud et doux. Les 43 % sont très discrets. A l’aveugle, j’hésite quand même à lâcher le nom caroni car beaucoup de choses se bousculent là dedans… C’est plus un brandy vieilli en fût de Caroni en fait (mais j’aime beaucoup le brandy)

Nez de la version 46%:

Marius: Bien que la version à 43% ne soit pas directement reconnaissable en tant que Caroni, celle-ci l’est sûrement.

Le goudron et la chambre à air sont très présents et le Sherry joue ici un rôle plus important que de façonner entièrement le rhum.

Il ajoute des éléments sucrés et fruités, ce qui en fait un parfum Caroni plutôt inhabituel et pourtant très agréable.

Bizarrement, le nez est un peu plus fin que celui des 43%, mais beaucoup plus intense.

Roger: Vanille, cuir, goudron, huile, Orange, fleur jaune, Raisin, noisettes, noix, sherry, camphre.

Moins marqué Sherry que le 43%, serait ce un deuxième passage ou les 3 % de plus laisse mieux s’exprimer Caroni ?

Je dirais que cette version est plus caroni, élégante, délicate que le 43% qui peut paraître plus lourd, vineux.

Bouche de la version 43%:

Marius: Très crémeuse et agréable, mais un peu alcoolique vers la fin. Compte tenu de la dilution, je ne m’attendais pas à cela.

C’est un très bon rhum Sherry, mais j’ai le sentiment que cela aurait pu être presque n’importe quel rhum et pas nécessairement Caroni.

Néanmoins, il présente quelques arômes intéressants tels que les prunes mûres ou les vieilles papayes, qui évoluent finalement vers un profil plus végétal. Ici et là, nous pouvons également retrouver certaines notes d’agrumes.

Finale: Pas très longue mais agréable, ronde et fruitée.

Roger: très douce, fumée, caramélisée, vanillée, vineuse, rancio, limite liquoreuse en fait.

Les fruits rouges font leur apparition et je retrouve plus le côté Caroni avec un aspect huileux, goudronné propre à la distillerie. L’écorce d’orange amère termine cette dégustation pour un caroni moyennement long mais très agréable.

Un rhum très sympa mais loin de Trinidad tout de même.

Bouche de la version 46%

Marius: Très intense et savoureux malgré le bas taux d’alcool.

Le caoutchouc trempé au sherry, les fruits noirs confits et le vieux cuir sont quelques-unes des impressions les plus simples. Ensuite, du puding au caramel, de la cassonade et un bon mélange de notes plus sales et plus sucrées.

 La finale est de longueur moyenne avec le meilleur des deux mondes, à savoir le distillat Caroni et le fût Sherry.

Roger: Pas mal de fruits secs, de vanille aussi. le goudron, l’huile est, comme au nez, plus marqué.

Un beau sucre brun, caramel roux vient ajouter beaucoup de gourmandise à cette version. Les fruits sont présents aussi avec encore une belle orange amère et de fruits rouges. La muscade est toujours bien là sans toutefois être étouffante.

J’aime beaucoup cette version, laissant plus de place au caroni tout en ayant un côté relativement doux.


Conclusions:

Marius: Le 43% est un bon rhum facile à boire. Un compagnon idéal pour un barbecue si vous voulez, mais par conséquent, je ne serais pas prêt à dépenser beaucoup pour cela.

La version 46% est un très bon rhum à une force de boisson agréable. Caroni n’a jamais été aussi bon à moins de 50%, sans parler du Sherry.

Roger: Si vous recherchez un caroni, la version 46 sera parfaite pour faire goûter à vos amis qui ne connaissent pas.

Le côté Caroni est bien là mais légèrement adouci pour le Sherry.

La version 43% reste quand même loin de Caroni… Mais perso je trouve cela vraiment très bon et je prend énormément de plaisir à déguster cette bouteille.

Je dirais donc, encore une fois, que bristol fait de très belles choses mêmes réduites.

La seule interrogation que j’aurais est: Pourquoi faire un finish Sherry avec du Caroni? Les fûts étaient ils un chouïa « tendus » qu’il aurait fallu masquer quelque chose ?

Dans tous les cas, bravo bristol car c’est réussi et c’est très bon !

Encore un peu de lecture ?

  • Voici la version anglaise sur l’excellent blog de Marius.

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