Live In Gascogne

Après notre passage chez nos amis Axelle et Guilhem Grosperrin, l’idée était ensuite de se diriger vers la Gascogne, dans le Gers plus précisément pour aller rendre visite à quelques domaines d’armagnacs. Jojo (qui parle de Voltaire) et moi sommes donc entrés en contact avec quelques domaines que nous connaissions, et calé quelques rendez-vous pour la journée.

Logiquement, nous avons privilégié des domaines situés dans un même secteur, nous n’avions qu’une petite journée et les distances peuvent vite être assez longues. De plus, nous partions du principe qu’on reviendra très certainement en voir d’autres… (coucou les copains de L’Encantada 😉).

Donc les domaines que nous avons sur notre liste étaient tous situés en Tenareze et nous commencerons avec nos amis de chez Hontambère, pour ensuite nous rendre chez Julien et le domaine Séailles et enfin nous irons retrouver les armagnacs de chez Ladeveze.

Voici en gros ce qui s’est passé là bas, avec une ribambelle de photos bien plus parlantes qu’un gros pavé de blabla 🙂

Le château de Hontambère possède une histoire riche et ancienne, mais celle de sa version actuelle débute en 2008, lorsque de nouveaux propriétaires britanniques reprennent le domaine.

Ce rachat marque le début d’une profonde modernisation : rénovation de la bâtisse, création de chais, acquisition d’un vieil alambic de plus de 100 ans, de fûts neufs, d’un pressoir et de cuves toutes fraîches destinées à la production des vins nécessaires à la distillation de l’armagnac.

L’équipe, aussi compétente que sympathique, se compose entre autres de Cindy, en charge de la direction, et de Sylvain, qui supervise l’ensemble de la partie technique : vignoble, distillation et vieillissement.

Les investissements ne se limitent pas aux infrastructures : le vignoble passe aussi de 12 à 40 hectares, répartis sur quatre cépages emblématiques — Baco, Ugni Blanc, Folle Blanche et Colombard.

je comprends maintenant nettement mieux pourquoi les « nouveaux » millésimes sont à peine plus chers que les très anciens, les investissements faits ces derniers temps expliquant principalement cela.

La visite des chais nous permet de découvrir des armagnacs allant de 3 à 15 ans d’âge, tous issus des « nouvelles » production de chez Hontambère… et je suis assez bluffé par la qualité de très jeunes eaux de vie aussi. Les fûts ont diverses chauffes et Sylvain joue avec toutes ces différences pour mettre en vieillissement des mono cépages uniquement. Les assemblages, quand ils sont prévus, se font à la fin du vieillissement.

Je ne peux que vous encourager à tester leur blanche d’armagnac, provenant des 4 cépages, qui est très fruitée et agréable, preuve de la maîtrise de la distillation par Sylvain. A essayer tant pure qu’en coktail…voir en ‘ti Gascon ©Jules et un peu moi 🙂

Concernant les anciens millésimes, Hontambère a racheté le stock de vieux fûts du domaine voisin, le domaine Pouchégu à la disparition de son propriétaire, Monsieur Laporte. C’est ainsi qu’ils peuvent proposer de très vieux millésimes, de 1975 à 2000.

Et tous ces fûts se trouvent eux dans un autre chais, et il y a de sales petites choses « pétées bonnes » là dedans… le futur 1988 de notre ami Jules de chez POH! entre autres, ainsi que les prochains 1980 et 1995 mais pas que !

Bref, de très belles choses à venir en provenance de chez Hontambère, que ce soit en mode Pouchégu ou Hontambère, la qualité est vraiment très belle.

Encore une énooooorme merci à Cindy et Sylvain pour l’accueil incroyable que nous avons eu !!

Fin de repas avec nos amis de chez Hontambère, je vois qu’il est déjà presque 14h37 et que nous avons rendez-vous avec Julien au domaine Séailles à…. 15h02 🙂 Le temps donc de remercier tout le monde et de se dire au revoir, et nous voilà en route pour Montréal !

Situé au cœur de la Ténarèze, à Mouchan, le Domaine Séailles est un petit domaine familial créé en 1961 et mené avec passion depuis 2016 par Julien Franclet, arrivé au domaine en 2009 avec une vision claire : terroir et agriculture biologique. Fort de 25 hectares dont 4 en Ugni Blanc, dédiés à l’Armagnac, le domaine peut compter sur 2 personnes à temps plein qui aident Julien, plus une série de saisonniers quand le besoin se fait sentir.

Julien perpétue ainsi l’héritage de son mentor Jean Labérenne, tout en modernisant les approches : chauffe légère des fûts pour des profils plus élégants, et réduction douce à 46 % pour une expression plus équilibrée et naturelle du spiritueux, même si des bruts de fûts sont également proposés.

Pionnier du bio depuis plus de 20 ans, le domaine est certifié en 2002, il incarne aujourd’hui une vision moderne de l’Armagnac, entre respect du terroir et modernité. C’est entre autre pourquoi les parcelles du domaine paraissent très vertes : les rangs de vignes sont bordés d’une végétation abondante, appelée à disparaître lorsque la vigne réclamera toute l’eau disponible par exemple… mais il n’y a évidemment pas que ça.

Arrivé sur place, Julien nous reçoit après avoir terminé une vente à deux touristes et nous explique ce que je vous ai raconté juste au dessus 🙂 Ensuite, il nous propose assez rapidement d’aller voir ce qu’il se passe dans son chais, sous une chaleur bien marquée…

Nous commençons par sa blanche assez parfumée et puissante, elle titre 56% et est brute d’alambic. Ensuite, quelques millésimes relativement jeunes, dont un 2023 vraiment très intéressant et certains bien plus vieux donc un 1976 fini est ex-fût de Rivesaltes qui est hyper gourmand.

Nous passons sur le fût 3 des 1986, tout aussi bon que son frérot et sur un 2001 très sympa, qui aura tapé dans l’oeil d’un monsieur qui met des spiritueux en bouteilles… affaire à suivre, rapidement 😁

Bref, encore un grand moment, je repars avec sa blanche et un vin nature !

Dernière étape de notre petit périple de la journée, nous allons à la rencontre des armagnacs Ladevèze que nous avions particulièrement bien aimé ici et ici.

À la tête du Domaine de la Boubée, au cœur de la Ténarèze, Alexandre et Manon Ladevèze incarnent la cinquième génération, mais avec une vision bien à eux. Plutôt que de simplement préserver l’héritage familial, ils le réinventent, en remettant au goût du jour les dix cépages historiques de l’AOC Armagnac.

Sur leur domaine de 15 hectares, 13 sont consacrés à l’armagnac, le reste servant à une modeste production de vin et d’apéritif. Ils chérissent particulièrement six hectares de très vieilles vignes (plus de 70 ans), chacune portant un nom. Héritage précieux travaillé autrefois avec des bœufs, ce patrimoine est préservé avec soin, et ils envisagent même d’y faire participer Bécassine, leur cheval de trait.

Pionniers du bio bien avant la certification officielle en 2021, ils cultivent leurs vignes sur une mosaïque de sols allant du calcaire au siliceux.

Arrivé sur place, nous tombons nez à nez avec « Baco« , le berger blanc qui garde les lieux…et il semble effectivement le faire correctement le bougre 🙂 Ensuite, Alexandre nous accueille et nous ouvre les portes de son chais, et là c’est un peu le choc tellement le lieu impose le respect….

On sent clairement qu’il s’en est passé de choses là dedans… On dirait que le temps se serait arrêté il y deux siècles et que seules les toiles d’araignées et autres pouritures propres à un chais de vieillisssement aient, elles, continué à vivre… Si ce n’est l’armoire avec des bouteilles en vente et le tonneau sur lequel sont posés les bouteilles de dégustation, le reste semble figé dans le temps. Magnifique endroit, je suis ultra fan !

Passé ce moment, nous reprenons nos discussions avec Alexandre qui nous conte ses procédés de travail, ses vignes, le bio, la distillation par la fameux Patrick Michalouski et sa vision de l’armagnac. Etant assez fan du Mauzac Rose de 2019, je lui demande si il a des blanches d’armagnac issues de ce genre de cépages. Et là, bingo il lui reste une dame jeanne de cette version non vieillie qu’il nous propose de déguster.

A mon plus grand plaisir et celui de Joël aussi, cette blanche s’avère être extraodinaire, vraiment une superbe eau-de-vie !

Ensuite, nous découvrons un Plant de Graisse 2005 vraiment top, un Baco 2012, une vieille folle blanche, l’erratum et encore quelques autres références venant de l’autre chais, dont un étrange millésime 2009 d’où ressortait pas mal d’arômes de fraises. Clairement bon, mais étonnant !

Je repars pour ma part avec le Mauzac Rose de 2019 et Alexandre nous propose une petite fiole de la blanche en cadeau, incroyable moment 😍

Eh bien, quelle journée !

De celles qu’on n’oublie pas de sitôt, tant elles allient belles découvertes, échanges simples et moments sincères. Entre passion, terroir, authenticité et rencontres, tout était réuni pour passer un excellent moment.

Chaque étape nous a permis d’en apprendre un peu plus sur l’armagnac, sur ceux qui le font vivre au quotidien, avec leurs convictions, leurs méthodes et leurs histoires. C’était riche, varié, intéressant… et franchement agréable 😁.

Un grand merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de nous accueillir, de partager leur savoir-faire, leur parcours, et bien entendu les dégustations de leurs travail. Une journée bien remplie, qui donne juste envie de revenir.

Et comme le dirait si bien Kreator: « We will retuuuuuurn !! » 🙂

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