The end ov ze bulle ?

Petit sujet moins agréable, voire même légèrement anxiogène : la petite bulle du monde du rhum (et des spiritueux en général) ne serait-elle pas en train de sérieusement se casser la figure ? Les bouteilles semblent avoir plus de mal à trouver preneur, les éditions « super rares » ne disparaissent plus en quelques jours, et le marché secondaire paraît bien plus calme qu’auparavant…

Bref, est-ce que l’engouement des dernières années pour les spiritueux, et particulièrement pour le rhum, est en train de s’essouffler ?

Plusieurs facteurs entrent en jeu, comme souvent dans ce genre de situation. On a d’abord assisté à une forte demande en 2020-2021, pandémie et ses apéros virtuels oblige. À l’époque, malgré les difficultés rencontrées par les cavistes, tout comme le reste de la population à des degrés divers, l’engouement pour les spiritueux semblait bien plus prononcé.

Puis, il y a la hausse constante des prix, aussi bien sur les rhums « haut de gamme » que sur des références plus classiques. Bien sûr, l’impact de la pandémie se fait encore sentir, mais est-ce l’unique explication ? D’autant que, lorsque les tarifs restent stables, le jus proposé semble souvent plus jeune qu’auparavant…

Les brokers ont bien compris le potentiel de la vente de fûts de rhum vieux, et ils ont logiquement augmenté le prix de ces derniers. Résultat : la valeur d’achat des stocks chez les embouteilleurs indépendants a gonflée, et les prix des nouvelles cuvées ont évidement suivi la même tendance. Mais en 2025, peut-on encore justifier de débourser 200 € pour un blend, aussi qualitatif soit-il, en 50 cl ?

Pourraient ils les proposer à un prix plus bas, avec donc une marge plus faible pour compenser ce fait, au risque qu’ils ne se vendent pas malgré tout, sans possibilité de le proposer à prix réduit ensuite ?

Bref, un beau casse tête pour les possesseurs de stock de vieux rhums acheté à prix d’or…

Et au niveau des embouteillages officiels, je pense que la dynamique est assez semblable pour la plupart. Coûts de production qui augmentent, analyse du marché secondaire de ces dernières années et certains n’hésitent pas à se persuader, à raison, qu’ils ont droit eu aussi à leur part du gâteau…

On se retrouve donc avec des références « basiques » au prix des vieux d’il y a quelques années, des rhums blancs qui frôlent les 100€ car c’est une « world première » ou encore des élevé sous bois plus chers que des millésimes d’avant.

Et surtout, et c’est peut-être le signe le plus inquiétant, des références qui auraient autrefois disparu en un clin d’œil restent aujourd’hui disponibles pendant des semaines, voire des mois. Certaines finissent même par être bradées à -20% ou plus, sans pour autant trouver preneur.

Les ventes privées se multiplient chez les grandes maisons, mais le succès n’est pas toujours au rendez-vous… Des embouteillages à peine sortis déjà bradés, de grands whiskys rares affichés avec des ristournes défiant toute logique, et pourtant, tout ne part pas. Un signe que quelque chose ne tourne définitivement pas rond ?

Bien sûr, le contexte économique pousse à revoir ses priorités. On préfère peut-être mettre son argent ailleurs, dans des choses jugées plus essentielles. Pour ma part, je préfèrerai me tourner vers des rhums blancs, tant qu’ils restent proposés à des prix raisonnables, qu’à certains rhums vieux (et encore, limite élevés sous bois pour certains) hors de prix.

Bref, tout cela sent méchamment la fin d’un cycle. Je me doute bien que je n’apprends rien à personne et que cette réflexion a déjà traversé l’esprit de beaucoup d’amateurs… j’enfonce clairement une porte bien ouverte.

Mais oui, soit le marché s’adapte aux nouvelles contraintes, soit ça va se casser la figure… Les premières grosses alertes comme Renegade ou Waterford pourraient bien n’être qu’un avant-goût de ce qui nous attend. 🙁

Oui, j’avais prévenu que ce petit article ne serait pas très drôle…

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