Reimonenq Sauvage

Connaissez-vous la série « Sauvage » de David’s Rum Selection ? Cette collection met à l’honneur des rhums blancs bruts de colonne, affinés quelques mois sous les tropiques avant d’être embouteillés par David lui-même. Et ce soir, je vous propose de partir à la découverte de la deuxième édition de cette série, qui succède à un premier opus signé Bielle. Direction donc la Guadeloupe, plus précisément Sainte Rose, à la distillerie Reimonenq, pour une dégustation qui promet.

Affiné donc 19 mois en ex fût de bourbon et nouveau fût de chêne américain, ce jeune rhum titre légèrement moins que son prédécesseur, vu que ce dernier culmine à 60,4% d’alcool. Cela risque tout de même dêtre vif et anguleux, mais avec un nom comme ça, on ne s’attend pas non plus à un ron édulcoré 🙂

Mais avant de commencer la dégustation, je vous invite à découvrir (*) cette remarquable distillerie et à saluer la mémoire de M. Reimonenq, qui nous a quitté en ce début d’année 2025.

Fondée en 1916, la distillerie Reimonenq est née du rachat du domaine de Bellevue par Joseph et Fernand en 1915. Compte tenu du contexte historique, les 200 000 à 360 000 litres de rhum produits chaque année étaient en grande partie destinés à approvisionner le front.

Joseph, l’aîné de la famille, s’éteint en 1950. Fernand prend alors la relève et transmet son savoir-faire à son fils Léopold, qui rejoint la distillerie en 1954. En 1959, Fernand disparaît à son tour, confiant la destinée de la distillerie à Léopold.

Quelques années plus tôt, la famille s’était lancée dans des expérimentations de mise en fût et de vieillissement. Ces essais ayant porté leurs fruits, la distillerie inaugure en 1960 son premier chai d’une capacité de 100 fûts, accompagné d’une chaîne d’embouteillage.

Déterminé à approfondir ses connaissances sur le rhum, Léopold entreprend de nombreux voyages. Il étudie les méthodes de distilleries du monde entier et ne cesse d’améliorer sa propre distillerie ainsi que ses pratiques agricoles.

Lorsqu’en 2016, la distillerie fête ses 100 ans, Léopold est toujours aux commandes. C’est l’une des plus grandes mémoires rhumières de Guadeloupe, et il aura aidé ses confrères distillateurs avec ses conseils avisés jusqu’au bout.

Plus récemment, Léopold nous a lui aussi quitté, laissant derrière lui l’héritage d’un grand homme du monde du rhum.


La plantation de canne s’étend sur 20 hectares, et permet de produire 3000 tonnes chaque année. Pour le reste de ses besoins, la distillerie fait appel à des petits planteurs environnants.

La distillation s’effectue sur une double colonne inox unique au monde. Ses 4 fonctions (dégazage, distillation, concentration et extraction) lui permettent d’obtenir le rhum Coeur de Chauffe, symbole de Reimonenq.

Elle est en outre dotée d’un échangeur thermique qui sépare le vin de l’alcool. Le vesou est chauffé indirectement via un serpentin, pour meilleur contrôle de la température. Le distillateur a ainsi davantage la main sur son travail, d’autant que cette colonne n’est pas équipée de programmation automatique.

A noter aussi que la distillerie est connue pour son musée du rhum, et ce depuis la fin des années ’80.


Nez

Un nez relativement herbacé où je retrouve une étrange présence de baies de genévrier, de fin caramel, d’épices, de clous de girofle, de vanille et de muscade. C’est relativement frais, légèrement mentholé avec bien entendu quelques traces de canne à sucre.

Les agrumes avec le citron vert, les oranges s’ajoutent à tout cela, accompagnés par le chocolat au lait, la réglisse, les feuilles de tabac et le zeste de mandarine.

L’alcool semble relativement doux, on sent que c’est encore jeune mais on ne pense pas directement à autant de watts dans le verre.

Bouche

La bouche est vive, bien entendu, mais cela passe relativement bien. Une très belle empreinte chocolatée, toastée, torréfiée, caramélisée qui fait fortement penser aux Mokatine me vient directement en tête. J’adore ça !

Ensuite, un voile frais avec une pointe d’eucalyptus, de jus de canne frais et des agrumes viennent donner un coup de pep’s à tout cela.

La finale nous renvoi dans le côté boisé, j’imagine que le passage en fût neuf aide assez bien. Encore une fois, l’alcool est là mais on pense plus au pep’s d’un tipunch qu’à une arme de destruction massive de palais, c’est très agréable.

Prix

75€ (50cl)

Conclusion

Très belle seconde édition, dommage pour son tarif relativement serré pour 19 mois d’âge et 50 centilitres, mais j’imagine que les accises etc n’aident pas.

Passé cette considération pécuniaire, c’est foutrement bon cette histoire… A déguster avec sagesse par contre (comme toujours, mais ici encore plus), car si l’alcool est assez bien intégré pour 60%, il peut être assez traitre je pense !

Score

87,5/100

(*) Merci Rhum Attitude pour les infos.

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