Aujourd’hui, je vous propose un petit détour par la Martinique avec une article sur une marque que j’affectionne particulièrement, les rhums HSE. Cyrille Lawson, responsable de la marque, a rendu cette découverte possible en m’accordant un peu de temps au téléphone.
Lawson, drôle de nom déjà pour un passionné de rhum, c’est peut-être là l’explication du finish highland 🙂 [APPLAUSE MODE ON]
L’homme est un passionné. Du coup, notre conversation fut animée et pleine de découvertes. Mais rassurez-vous, l’idée ici n’est pas de rédiger un HSEpédia mais plutôt de synthétiser les idées reçues.
HSE, pour Habitation Saint Etienne, est donc une distillerie active depuis 1882 en Martinique au Gros Morne. HSE aura eu différents propriétaires; la famille Dormoy jusqu’en 1992 pour ensuite être reprise, en 1994, par Yves Hayot qui a voulu redémarrer avec une marque et un background existant.
Le redémarrage
En 1996, très tôt dans la nouvelle histoire du HSE, Cyrille Lawson débute sa carrière à Saint Etienne. A cette époque, la distillerie est plutôt obsolète. La décision est alors prise de remonter les colonnes à distiller historiques de St Etienne au Simon pour ainsi bénéficier d’installations plus adéquates.
Le schéma organisationnel est organisée en 3 divisions bien distinctes :
- Agricole: spécialisée dans la culture et optimisation de la canne à sucre.
- Industrielle: au Simon et spécialisée dans la transformation de la canne en rhums agricoles.
- Sélection/élevage/maturation/mise en bouteille: réalisé à Saint Etienne
De cette façon, le personnel se spécialise. Chacun développe au mieux sa spécificité comme par exemple la maîtrise du vieillissement, l’étude des fûts ou des chauffes. HSE se distingue ainsi d’autres distilleries qui disposent de toutes leurs activités au même endroit et doivent assurer sur tous les plans en même temps.
L’innovation
HSE prit un grand risque en augmentant le temps de brassage et de réduction lente à deux ans pour le millésime 2000 de rhum blanc. Ce fut une première de laisser un rhum « dormir » autant de temps en cuve. Et une belle hérésie économique! 🙂 Au final, le choix était plutôt pas mal. Ils furent les précurseurs, il y a 18 ans, du rhum blanc premium qui maintenant, est dans l’air du temps.
Une autre innovation des nouveaux dirigeants fut d’instaurer les finish. A l’époque, ils avaient remarqué, en utilisant de fûts d’occasion, que le caractère d’un rhum pouvait varier selon les spiritueux qui avaient été contenus dans ces fûts auparavant. Certains fûts donnaient vraiment des résultats incroyables. Or, lors de l’assemblage, ces derniers disparaissaient puisque la volonté était de mélanger le tout pour laisser place à un produit homogène. Intellectuellement, c’était plutôt frustrant!
De là est née la réflexion sur les finish. L’idée fut de créer une constance dans les qualités. De très beaux partenariats naquirent ainsi avec des fournisseurs de vin et spiritueux qui leurs revendaient des fûts ayant eu le même contenu. L’art de la tonnellerie s’est alors développé; ils eurent une meilleure connaissance du choix de fûts afin d’atteindre les résultats escomptés.
Ils demandèrent alors à leur fournisseur de leur créer de fûts neufs sur mesure pour poursuivre leur production.
Depuis, HSE est certainement la 1ère distillerie de Martinique à acheter 100% de ses fûts neufs (hors finition). Ils maîtrisent ainsi tout le processus de la canne au vieillissement en passant par la distillation.
Toujours dans cette optique d’innovation, HSE a développé la série Small Cask avec pour principe de faire vieillir du rhum dans des fûts neufs, quatre fois plus petits que les traditionnels (55l). Le contact avec le bois est privilégié, ce qui rend le rhum très chaleureux. Enième hérésie financière car le coût du fût est quasi identique aux fûts de 220l.
La passion
HSE est une petite équipe d’environ 25 personnes, toutes passionnées par le rhum. La politique de la maison exige d’ailleurs que tout le monde soit formé à la dégustation afin de pouvoir donner son avis sur un produit. La production HSE est au final le reflet des envies et attentes de son équipe; des jus résultants d’une introspection de chaque collaborateur. C’est cette possibilité de libre pensée qui constitue le moteur de la distillerie.
Pour exemple, un stock dormant de bouteilles millésime 1960 a été retrouvé au début de l’aventure. Sans cette passion, faire du bénéfice aurait été la priorité. HSE a préféré lui faire passer la certification AOC et le remettre en fût afin de lui redonner un temps de pause additionnel pour qu’il retrouve de sa superbe. Les nouvelles bouteilles sont vendues lentement afin de garder cet héritage. A la boutique, les achats sont limités à 1 bouteille par personne.
Une proposition pour racheter l’entièreté du stock de ce millésime a même été refusée net.
Le futur
HSE est en constante évolution. Avec 6500/7000 fûts en vieillissement, les chais vont devoir être agrandi cette année encore afin de pouvoir en accueillir d’autres dans le futur. De quoi nous proposer de biens belles choses à l’avenir et, qui sait, étendre son marché qui pour le moment est principalement axés sur l’Europe de l’Ouest et bien sur la Martinique.
Lors de cette année 2018, ils proposeront de nouveaux produits dont un probablement un nouveau blanc parcellaire et une nouvelle finition brut de fût en format magnum.
De biens belles pages restent donc encore à écrire…pour notre plus grand plaisir !
One thought on “Cyrille Lawson (HSE)”
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