Allez, encore une petite incartade à l’univers du rhum, avec un Brandy cette fois. Et pas n’importe quel brandy, un qui aura passé les 50 dernières années de sa vie (voir les 50 premières en fait) dans un fût de Pedro Ximenez.
Oui, après avoir dégusté un rhum de 50 ans, on peut dire que je suis gâté… Surtout qu’avant ça je découvrais un rhum jamaïcain datant de +- 1890 que l’Afrika Korps a récupéré en Lybie. Bonjour la page d’histoire…
Soit ce n’est pas le sujet de ce post mais c’est tellement classe à dire que ce serait dommage de ne pas le faire 🙂
Donc pour la petite histoire, cette eau de vie espagnole aura été produite et mise en vieillissement dans la Bodega Perez Barquero en Andalousie Montilla Morilles en 1967 du coup.
Hubert Corman, étant partenaire de Perez Barquero en Belgique, a pu acquérir les 2 derniers fûts de ce vénérable Brandy. Ce qui est toujours incroyable avec ce genre de produit, c’est de se dire que les gars qui ont produit ça auront été payé de leur travail 50 ans plus tard…. moi personnellement ça m’impressionne toujours.
L’embouteillage se fait dans des bouteilles typiques de 50 cl et limité à 1008 unités.
Cette après midi, j’ai eu l’occasion de déguster en sa compagnie ce qui lui restait de l’échantillon de la version finale , et nous avons fait une petite note ensemble (enfin lui déballait ses impressions et moi j’acquiesçais 🙂 )
Du coup, quand vous lirez celle ci, vous allez sans doute remarquer une fameuse précision qui n’est pas vraiment la mienne en temps normal, ça s’appelle « l’effet Corman » dans le jargon. Je me suis permis d’ajouter ma vison en italique en dessous des siennes.
Couleur: bois d’ébène reflet vermeil.
C’est très foncé, très gras et d’une concentration incroyable
Nez: Mentholé, eucalyptus, caramel brulé, caoutchouc brulé, vanille pas mûre, humidité, salpêtre, fruits secs, PX, cuir, pruneaux, figue, dates confites, pain gris grillé, végétal, vieille liqueur de plante » extrait de Spa », bruyère séchée, bonbon au cola, sirop pour la toux, marc de café froid, amandes grillées, moteur, old school garage, biscotte, crayon mâché, tabac brun, cape africaine, miel brun d’Iran.
Un spiritueux vraiment impressionnant de concentration. On passe du caramel aux pruneaux, du tabac au café, des fruits secs à la vanille… un superbe côté « chaud » fumé/torréfié/grillé croise la fraicheur du menthol. Ce nez, on y resterait des heures tant il évolue les minutes passant… 50 années de repos tout de même, ça laisse des traces !
Bouche: Complexe, fruits secs, noix, réglisse, brulé, cuir, tabac, cèdre du Liban, pruneaux, caoutchouc, gras, fumé, mentholé, amer, boisé léger, marc de café, cendré, humidor.
La bouche est très ronde et gourmande sur le fruit sec (noix), le cuir, le caramel, les pruneaux et le cendré. Proche d’une liqueur, ce brandy se laisse déguster dans une douceur incroyable. On sent le 40% mais cela est d’une délicatesse et d’un équilibre… une grande eaux de vie et une superbe dégustation !
Finale: Longue, rétrolfaction de fumée, riche
Franchement, je suis tombé sur le cul…. Personnellement un brandy à 40%, c’était pas le truc qui m’excitait le plus mais là, quelle claque. Comme quoi, ne jamais partir sur une idée préconçue, on pourrait passer à côté de belles pépites.
1008 bouteilles, reste 1007 !
Merci Hubert pour cette belle dégustation !