Vous le savez probablement, mais les Port Mourant et moi, c’est « ça passe ou ça casse« … Soit je trouve ça tout bonnement infecte, tellement le boisé humide et l’amertume sont présentes, soit je tombe carrément sous le charme tant c’est fruité, crémeux et agréable. C’est clairement le genre de spiritueux qui ne me laisse jamais indifférent, et j’aime encore bien ce sentiment ambivalent « amour-haine ».
Je pense principalement au Bristol Port Mourant 2010, au Masam 2003 ou encore au Rum Mercenary 2005 qui ont coché toutes les bonnes cases, me concernant. Ces références réussissent à effacer le côté « savonneux » pour ne garder que le gras, le fruit et même un léger côté malté qui ferait fondre tout amateur de whisky. Bref, quand c’est bon, c’est souvent grandiose 🙂
Lors d’une discussion avec John Barrett de chez Bristol, je me souviens lui avoir parlé d’autres embouteilleurs indépendants et bien entendu de Silvano Samaroli que ce dernier connaissait assez bien. Je lui expliquais comment j’étais tombé sous le charme de la série des 2003 embouteillée par Corman-Collins/Auld Alliance et Masam.
Ce dernier esquissa dès lors un petit sourire empreint de bienveillance et de souvenir… bref, je comprends directement que ces fûts venaient plus que probablement de chez Bristol Spirits, vu qu’il s’agit de l’activité principale de la société, vendre des fûts.
Dès lors, quand je rejoins les entrepôts de Bristol à Liverpool avec Quentin de chez C’Rhum, ma target N°1 n’est pas un fût de Caroni, mais de bien retrouver un fût de Port Mourant 2003 🙂
Assez vite sur place, je glisse à l’oreille de Simon Askey qui nous guidait, que j’aimerais vraiment essayer de trouver parmi tous ces fûts, un de cette fameuse série. Mais apparemment, cela allait être très difficile car blabla blabla… bref, je sens une pointe de « on verra, mais je ne te promets vraiment rien Roger…«
Je comprends donc que c’est mal embarqué, peut être souhaitent ils simplement le garder ? Bref, je continue la visite des entrepôts et déguste certaines références, tout en ne perdant pas de vue cette petite idée de déguster ce millésime.
Et là, comme une apparition divine, au détour de centaine d’autres, je me retrouve face à un fût dont la provenance est écrite au stylo, et là je vois que c’est un Guyana (PM) 2003… N’est ce pas la fête ? Et non, je ne pense pas qu’un type se soit dépêché d’écrire ça sur un fût le temps qu’on se ballade, bien d’autres étaient ainsi 🙂
Bref, nous voici maintenant avec un article sur cet embouteillage, et même si tout le mérite revient bien entendu à Quentin, j’aime penser que sans ce « Simon, ben y’en a un ici 😁« , nous ne serions peut être pas ici à déguster ce rhum…
Distillé en 2003 chez DDL à partir de l’alambic Port Mourant, ce rhum de 21 ans d’âge titre 44.6%, et n’a pas subi de réduction à l’embouteillage, ce qui devrait prédire une belle concentration tout en gardant le plaisir de dégustation.
Nez
Clairement, l’affiliation avec les Masam et Corman-Collins est indéniable, on va retrouver ce côté très pâtissier, brioché avec ses pommes du verger, la poire, le quetsche, la mirabelle et même un petit côté ananas et mangue pour l’aspect plus tropical de la chose.
Ensuite, un léger boisé tirant sur le cendré, légèrement fumé avec quelques effluves poivrées et légèrement amères qui sont clairement le signe des Port Mourant. Mais ici, comme dans les autres fûts de cette lignée, cela reste présent, mais sans écraser le tout comme dans certaines versions.
Enfin, une colle blanche, les fruits secs comme la noix et quelques feuilles de tabac verts terminent ce nez très élégant et parfumé.
L’alcool est très bien intégré, tout reste à sa place, nous avons là un rhum clairement très équilibré.
Bouche
La bouche est marquée par ce beurré, légèrement salé où les fruits viennent s’immiscer avec un côté légèrement boisé comme assise.
La pomme, la poire, le quetsche se mêlent au poivre, à la réglisse, au chocolat blanc, à la vanille, au tabac, aux cendres et un fin côté plus métallique et limite malté en fait et très légèrement sur le cuir.
La finale, légèrement plus tropicale nous rappelle l’ananas et le sucre Demerara, le tout avec un alcool très accessible et une très belle concentration des arômes. C’est d’ailleurs assez remarquable tant de concentration pour un « léger » 44% au final… mais ne vous y fiez pas, il s’agit bien là d’un brut de fût !
Prix
195€
Conclusion
Même constat que sur les autres fûts de cette série, le rhum est excellent et le vieillissement très lent et humide a encore fait des merveilles sur ce spiritueux !
Je dirais que ce qui me frappe comme différence entre ce dernier et les précédents sera peut être son côté légèrement plus exotique… sans être un Hampden non plus, bien entendu.
Mais oui, clairement c’est le genre de rhum qui m’excite grave et cela ne m’étonne pas que Silvano Samaroli se soit penché sur leurs cas à l’époque. Car outre le fait que ce soit clairement un rhum de toute première classe, les amateurs de malts devraient trouver ce dernier tout à fait à leur goût je pense…
Bref, bien content d’être tombé dessus à Liverpool et encore plus content que C’Rhum l’ai embouteillé 🙂
Must Have.
Score
93/100
Un excellent exemple de la manière dont un vieillissement lent et humide peut transformer le rhum en quelque chose de magique. Ce rhum est non seulement de la plus haute qualité, mais il offre également une touche légèrement exotique qui séduira les amateurs de rhum et de malt. Silvano Samaroli avait clairement vu le potentiel ici, et C’Rhum a vraiment eu raison de mettre ce trésor en bouteille. Un incontournable pour tout amateur de rhum sérieux !
Je n’aurai pas dit mieux ! Ce rhum est vraiment excellent !