À l’origine de l’actuelle sucrerie du Gallion, on retrouve deux habitations sucrières voisines : le domaine du Galion et celui des Grands-Fonds. Au XVIIIᵉ siècle, ces terres appartiennent à la puissante famille Dubuc, et servent déjà au raffinage du sucre produit autour de La Trinité. Un siècle plus tard, dans les années 1850, le négociant Eugène Eustache, originaire de Saint-Pierre, rachète les deux habitations. Ambitieux, il poursuit une vaste politique d’acquisitions foncières en achetant les terres voisines. Vers 1861, il envisage alors de bâtir une sucrerie moderne sur les Grands-Fonds.
C’est en 1863-1864 que l’usine centrale à vapeur sort de terre, avec sucrerie et distillerie intégrées. Entièrement équipée par la société Cail, elle entre en activité dès 1865. Après la mort d’Eugène Eustache en 1883, son gendre Émile Bougenot prend la direction de l’exploitation.
Plus tard, au XXᵉ siècle, de nouvelles crises balayent l’industrie sucrière aux Antilles et entraînent la faillite de toutes les autres usines de Martinique. Seule la sucrerie du Galion tient encore debout aujourd’hui.
Le côté qui nous intéresse ici est bien entendu la partie distillerie, et de la mélasse issue de la sucrerie naissent aussi des rhums bien particuliers. Ceux-ci sont souvent qualifiés de grand arôme comme Savanna peut en proposer, et il va de soi que ceux-ci ne relèvent pas de l’AOC martiniquaise, puisqu’il s’agit d’un rhum de mélasse, bien loin du cahier des charges de l’agricole.
En revanche, il existe un cadre officiel : le “Rhum de la Baie du Galion” est reconnu par une indication géographique protégée (IG).
En 2025, nos trois amis de POH! Spirits reviennent avec une nouveauté : un rhum Grand Arôme du Galion, vieilli en ex-fût de vin. Et comme ils sont incroyablement sympas… et un brin audacieux, ils m’ont même envoyé un échantillon ! Oui, à moi, qui observe habituellement ce genre de bouteilles avec un œil un peu sceptique 🙂

Un Grand Arôme de la distillerie du Galion en Martinique, vieilli quelque temps dans un fût d’eau-de-vie de vin charentais, mis en bouteille brut de fût en 2025 par Landier & Vingtier (hello hello !), titrant 54% d’alcool.
Nez
De fait, c’est assez typé « Grand Arôme » avec ses notes assez distinctives d’olives, légèrement fumé et hyper fruitées avec entre autre un bel ananas grillé, du citron confit, des fruits de la passion le tout soutenu par un élégant toasté, une fine réglisse et un beau chocolaté.
Les 54% d’alcool sont plutôt agréables, le tout est relativement gourmand et cela semble équilibré… niveau alcool, pour le reste c’est un Grand Arôme 🙂
Bouche
La bouche est relativement douce, avec un beau miel qui vient directement nous titiller les papilles, suivi de pas mal de fruits de la passion, d’agrumes, d’ananas, de bananes vertes encore avec ensuite un beau toasté, quelques fruits secs, du massepain cuit et une fine réglisse
La finale, légèrement fumée, toastée nous laisse avec un beau chocolat au lait et un côté finement saumuré et olive, mais c’est assez fin et pas trop dérangeant.
L’alcool est vraiment bien intégré, c’est assez rond, gourmand tout en gardant une belle fraicheur et un petit peps bienvenu.
Prix
66€ (50cl)
Conclusion
Etonnant, ce n’est pas le genre de truc où je me dis « waww, neeeed » quand je vois ça en nouveauté, mais ici le tout est plutôt bien équilibré et très fruité.
Cela reste par contre quelque chose de très typé, donc les fans de rhums « classiques » de l’île seront assez étonnés, pour les plus aventureux, n’hésitez pas 🙂
Score
88/100