Retour de la section « Interview » après un long moment de silence…ben oui, plus personne ne voulait me parler depuis que j’ai dit que le dernier Iron Maiden est le truc le plus pourri qu’ils ont sorti. Depuis, les gens l’ont écouté, et bizaremment on me reparle 🙂
Oui je sais, cette introduction est particulièrement naze mais je ne trouvais pas d’excuse au fait que je n’ai plus foutu grand chose pour cette section depuis bien longtemps, mais nous revoici avec une interview de Sebastian Jaeger du fameux « Wu Dram Clan« , il va nous expliquer un peu plus ce qu’il se passe derrière cet étrange nom.
Bonjour Sébastian, peux-tu brièvement te présenter ainsi que ton trio magique du Wu dram clan ? Comment est venue cette association, d’où provient le nom ?
Le Wu Dram Clan est avant tout une histoire d’amitié. Nous nous connaissons tous les trois depuis quelques années déjà, car nous étions à l’origine des nerds, comme tous nos clients aujourd’hui.
Donc c’est encore une histoire de buveurs en quelque sorte 🙂
Le nom est né lors du salon du whisky de Limburg, probablement après avoir bu 400 verres de whisky.
Sinon, Wu Clan vient d’un groupe des années 90. Taksad, Boris et moi sommes tous des enfants des années ’80 et avons eu notre enfance et notre adolescence dans les années 90. (moi aussi, mais je ne connais pas dutout ces gens là…. Si j’avais dû faire le même genre de truc, on se serait appelé Mega Dram Deth 🙂 )
Le mot « dram » est gaélique et signifie « un verre plein de whisky » au sens proche du terme. C’est pourquoi nous avons utilisé ce mot.
Donc voila, Wu Dram Clan….. Cela sonne aussi un peu romantique, non ?
Quelle a été votre première sélection?
Notre première mise en bouteille était une bouteille originale de DIAGEO Lagavulin 21. Nous sommes tous des « Peat Heads » et jusqu’à présent, personne en Europe n’avait mis en bouteille un Lagavulin en tant qu’Original Bottling. En tant que fans de la distillerie, nous voulions bien sûr essayer de faire cela.
Ensuite, nous avons réalisé notre première mise en bouteille sous notre label Indy, un Springbank de 1992 – qui n’a pas de prix aujourd’hui ! À l’époque, le prix de vente conseillé était de 420 euros.
Vous avez ensemble sélectionné beaucoup de belles choses, des whiskies, des rhums, armagnacs et cognacs, peux-tu nous expliquer la genèse de tout ça?
Lorsque nous avons commencé à embouteiller du cognac et de l’armagnac il y a quelques années, nous avons effectivement été quelque peu exposés aux rires. Personne ne pouvait imaginer embouteiller du cognac et de l’armagnac sous le nom d’Indy Botler.
Bien sûr, il y avait eu avant nous les grands précurseurs comme Berry Bros & Rudd et quelques mises en
bouteille de Cadenhead, mais à part cela, le sujet était pour ainsi dire mort. Nous ne nous attendions pas non plus à un tel succès. Les réactions ont été très positives.
Aujourd’hui, en 2023, c’est normal, et c’est bien ainsi ! Concernant le rhum : j’ai développé un grand amour pour le rhum (style français). Comme j’habite juste à la frontière avec Strasbourg, mon « premier sang » a été un Clément quand j’avais 16 ans. Depuis, il est resté gravé dans ma tête.
Ici, en Allemagne, l’histoire du rhum Agricole en est encore à ses balbutiements. Il y a encore beaucoup de travail d’information à faire.
Quel est le concept du Wu Dram Clan ? Est ce plus que « juste » la sélection de spiritueux ?
Nous sommes plutôt sans concept, pour être honnête, comme il s’agit d’une entreprise de loisirs, nous ne mettons pratiquement en bouteille que ce qui nous plaît à tous les trois.
Nous avons la chance de ne pas être sous la pression de devoir sortir beaucoup de bouteilles pour que toutes les factures soient payées à la fin du mois. C’est probablement cette légèreté qui nous rend tous les trois très heureux.
Quel est le but recherché avec Wu Dram Clan ? Proposer des choses qui sortent du commun, des produits ultra qualitatifs ou des produits plutôt éducatifs ? Quelle est votre public cible ?
Eh bien, dans le monde des spiritueux, il y a beaucoup d’épicuriens et d’amateurs de goût, et même beaucoup de gens qui veulent faire un petit voyage gustatif.
Connais-tu l’expression utilisée par quelqu’un qui sort d’un restaurant Michelin : « C’était délicieux, mais personne n’est rassasié » – et elle est probablement très juste, il ne s’agit pas non plus de la sensation de
satiété, mais du voyage gustatif que l’on entreprend.
Pour reprendre la dernière question, on pourrait effectivement considérer que c’est notre concept : prendre le gourmet par la main et lui montrer ce qui est bon.
Vous êtes dans ce monde depuis quelque temps, vous avez donc dû voir la belle évolution du rhum. Comment voyez vous l’avenir de ce spiritueux ? Quels sont les pièges dans lesquels vous auriez peur qu’il tombe?
Le développement du rhum est très difficile, de manière générale, de nombreux spiritueux sont touchés. Le whisky aussi devient de plus en plus inabordable. Mis à part le standard, mais on en est déjà loin. Du moins au niveau sensoriel.
Pour le rhum, je constate de plus en plus que le fossé entre le « doux » et le « nerd stuff » est incroyablement grand. Dans le segment bon marché, il n’y a pratiquement rien pour le buveur quotidien, qui a tout de même des exigences un peu plus élevées.
En même temps, il faut mettre la main à la poche pour se consacrer aux single casks. Il faut probablement accepter le changement. C’est toujours la lutte de l’industrie pour les clients et les types qui s’y opposent.
David contre Goliat. Mais on se sent mieux le soir quand on est David. Qu’en penses-tu ?
Tout à fait d’accord, c’est bien plus drôle !
Comment procédez vous pour trouver toutes ces références, allez vous directement chez les différents producteurs ? Passez vous par de brokers ?
J’aime énormément voyager, alors pourquoi ne pas rendre visite aux gens sur place ? C’est merveilleux de humer l’air des distilleries et de rencontrer les gens. Souvent, de véritables amitiés naissent de ces rencontres.
Des exemples concrets : Je dois toujours rapporter un pack de six bières allemandes à un propriétaire, un schnaps ou une délicieuse saucisse de la Forêt-Noire à un autre. C’est l’échange culturel qui fait la différence, et ça j’aime beaucoup ! Surtout en tant qu’Européens – avec notre histoire – de telles amitiés sont incroyablement importantes.
Sinon, oui, nous nous procurons aussi des listes de brokers, certaines choses ne sont plus disponibles sur place, il faut alors faire appel à un tel brokers. Mais c’est aussi quelque chose qu’il faut accepter, et ce n’est évidement pas grave dutout.
Si tu devais retenir un embouteillage par famille de spiritueux qui vous avez embouteillés, lesquels serait-ce ?
C’est la question de l’île déserte, n’est-ce pas ?
On peut voir ça ainsi oui 🙂
Je suis toujours très mauvais à ce sujet, car mes goûts et mes envies dépendent beaucoup du jour et de l’heure.
Mais ce serait certainement un rhum de Martinique et un vieux borderies des années 60.
Ah oui, et si l’île se trouve dans des régions plus froides, j’aurai toujours un Lagavulin avec moi 🙂
Avez-vous des rêves non réalisés avec le Wu Dram Clan ? Quels sont-ils ?
Ma femme lit-elle ? (boh, j’imagine que non mais bon 🙂 )
Je plaisante, c’est tout ! Notre grand rêve était d’embouteiller un Ardbeg original, et nous avons pu le réaliser en 2021.
Ce sera probablement un Chichibu, car notre ami Taksad est japonais et cela fait aussi partie de notre ADN. Mais nous verrons ce que le temps nous réserve.
Pour l’instant, les amateurs de rhum en Martinique peuvent se réjouir de quelque chose de nouveau de notre part, et bien sûr, tous les autres amateurs de rhum peuvent aussi se réjouir des choses passionnantes dans le pipeline.
Le monde des spiritueux est assez peuplé de blogueurs et autres « influenceurs », que pensez-vous de tout cela ? Est ce que cela est important pour vous ou voyez vous cela d’un œil plutôt méfiant ?
Eh bien, si les blogueurs sont indépendants, je suis un grand fan de la lecture de ceux-ci.
Bien sûr, c’est aussi un changement d’époque qui s’opère dans le monde des spiritueux. L’important, c’est d’exprimer des critiques et de les prendre en compte. Tout n’est pas bon et tout ne peut pas plaire à tout le monde.
Comme on dit chez nous, il ne faut jamais discuter de religion, de goût ou de politique. Il n’y a pas de solution.
Qu’est ce qui vous différencie d’un autre sélectionneur ? Ne trouvez-vous pas que le marché est en quelque sorte saturé ?
Chaque embouteilleur est important, en période difficile, il y a automatiquement un assainissement du marché. En 2023, il faut être très prudent.
Les marchés sont soumis à des périodes incroyables et les gens gardent leur argent. Les temps ne sont pas faciles. Ceux qui gèrent bien leur entreprise seront en mesure d’aller de l’avant.
La différence entre nous et les autres ? Le hobby ! 🙂
Dernière chose plus légère, je vais te donner quelques noms, pourrais tu nous donner le premier mot qui te vient à l’esprit à ce moment-là 🙂
– Cognac – la belle !
– Samaroli – Bowmore Bouquet 1966 ❤
– Belgique – les frites !
– Caroni – Diesel
– Deep Purple – Child in Time
– Velier – Luca Legend
– Bristol – Royaume-Uni
– Flippers – NTM !
– Marie Galante – Bielle ❤
– Wu Dram Clan – Buveurs de bière.
– Ardbeg – Pas de réseau mobile sur place