Ancienne colonie Espagnole et plus grande île des Caraïbes, Cuba a été découverte par Christophe Colomb en 1492 pour la courone Espagnole, faisant de cette île une grosse colonie du pays. Ensuite, elle sera disputée par l’Angleterre et les Etats Unis pour enfin devenir indépendant en 1902.
La suite n’est clairement pas de tout repos avec tout d’abord une dictature suivie d’un régime clairement anti-capitaliste, ce qui engendra des relations plus que tendues avec son puissant voisin américain.
Mais Cuba, c’est aussi une grande histoire d’amour pour la canne à sucre et la fabrication de rhum qui va avec. Et quand on dit qu’ils produisent du rhum, ce n’est pas en petite quantité car cela représente une très grosse partie de la production mondiale.
Le rhum est un produit d’exportation phare pour Cuba, qui en a expédié 397 642 hectolitres en 2018 dans 126 pays, principalement en Europe, pour 136 millions de dollars. (merci Wiki)
Comme expliqué dans le très bel article d’ Excellence Rhum dédié aux rhums de Cuba, deux sociétés publiques se partagent la distillation du rhum : la Cuban Ron et la Tecnoazucar. En dehors de ces deux là, rien…
Et ces deux sociétés distillent pour toute une série de marques locales comme Santiago de Cuba, Mulata et Santisima Trinidad, mais aussi pour des marques étrangères comme Eminente pour LVMH ou encore Havana Club pour Pernod Ricard.
C’est d’ailleurs pour cela qu’Eminente peut proposer un rhum de 10 ans d’âge après seulement 2-3 ans d’existence.
Enfin, le rhum cubain tel que nous le connaissons aujourd’hui résulte de l’assemblage d’aguardientes (rhum lourd) vieillies et de rhums légers. L’aguardiente apporte la complexité et la profondeur aromatique à l’ensemble, tandis que le rhum léger, grâce à sa teneur en alcool, lui confère sa vitalité.
Confrérie du rhum / Excellence Rhum
Et en 2023, deux acteurs du monde du rhum francophone s’associent pour fêter leurs dix ans d’existence ! En effet, la confrérie du rhum et Excellence rhum ont été proposer à LVMH de sortir une sélection Eminente pour fêter cela…
La particularité de cette édition est qu’elle est composée de deux fût de 100% d’aguardientes avec un taux d’alcool de 55.5 %, chose inédite pour un ron cubain. Il est à noter que ce rhum contient 4,7 gr de sucre par litre, ce qui est moins inédit par contre 🙂
Le premier fût, ayant contenu une aguardiente brute de colonne titrant à 75%, et le second, ayant contenu une aguardiente réduite pendant 10 ans. Ces deux fûts sont assemblés et donnent naissance à ce premier batch.
Un autre batch arrivera plus tard je pense, avec les mêmes propriétés que ce premier… Avec évidemment deux autres fûts mais toujours 100% aguardiente et à 55.5%
Nez
Directement assez parfumé, on est effectivement sur un rhum dont le profil semble assez chaleureux et effectivement « lourd » pour un ron cubain.
On retrouve assez bien de fruits confits, de fruits à chaire jaune tels l’abricot ou la pêche sur un boisé marqué mais relativement élégant avec de belles notes réglissées, de tabac, d’épices, de menthe et de chocolat.
Le profil tend ensuite à devenir plus sombre avec la poudre à canon, le caoutchouc et un profil très cendré, torréfié où la mokatine et le chocolat noir, voir même le cuir, ne sont pas loin.
Le caramel est également de la partie et se propose d’arrondir le tout de façon très élégante et agréable.
Ce rhum est très plaisant au nez, passant tour à tour du côté fruits cuits ou grillés, le tout avec un alcool qui semble tout à fait intégré à l’ensemble.
En gros, ça change et c’est pas mal… un mix entre un rhum de la Barbade et quelque chose de plus léger.
Bouche
L’entrée en bouche se fait sur une impression toujours assez sombre et dominée par un boisé assez torréfié. Les fruits venant assez vite légèrement contre-balancer cette partie plus tanique.
On va retrouver pêle mêle des fruits secs torréfiés, des fruits tropicaux, du caramel, du tabac, du chocolat noir, un fin voile mentholé, de la vanille bourbon, des fruits confits, du cuir, de la muscade et une légère acidité.
La finale, plutôt longue nous apportera pas mal de chocolats noirs intenses et légèrement amères.
Une bouche assez sombre au final, ce sera bien les arômes tertiaires venant du fût qui resteront le souvenir le plus marquant de ce Ron Eminente 2012, sans être non plus un ignoble jus de bois.
Prix
110 €
Conclusion
Un nez plutôt agréable et robuste, mais une bouche légèrement moins complexe, voir légèrement monolithique/décevante tant ce nez me semblait sympa. Après, il faut bien entendu remettre tout cela dans le contexte, cela reste un ron cubain et non un gros rhum anglais.
Nous pourrions dire qu’il représente bien le style, mais en plus sombre et plus robuste. Le temps passé dans une bouteille épaulée permettra plus que probablement au profil en bouche de se rapprocher de ce que nous avons pu découvrir au nez.
Concernant le tarif pour un rhum de 10 ans, ce dernier me semble un tantinet élevé mais il est vrai que cela reste deux petits batchs qui proviennent quand même d’un pays où rien n’est simple… J’imagine que faire ramener tout ça ici ne doit pas être aussi « facile » qu’un fût de chez Main Rum ou encore des antilles françaises.
Enfin, il sera de bon ton de saluer la prise de risque de proposer un ron de Cuba là où tout le monde ne jure que dans des Caroni, Foursquare ou autre gros Demerara. J’aime bien cet esprit là en ces temps où tout se ressemble un peu.
Score
86/100