Cela faisait quelques temps que je ne m’étais plus penché sur un blend de Florent Beuchet, dynamique patron de la Compagnie des Indes. Erreur réparée avec ce Kaiman pour le moins étonnant !
Étonnant ? Ha ben oui quand même un peu car faire un assemblage d’un rhum de guadeloupe mis en fût en 1973 avec un blend demerara/Jamaïque de 1993…. le demerara étant lui un blend de Uitvlugt, Enmore, Port Mourant, l’idée est pour le moins « what the fuck ??« .
Mais bon, pourquoi pas après tout, Florent nous ayant déjà habitué à pas mal d’expérimentations !
Et puis je connais (de nom) un West Indies de 1948 qui semble « bien foutu » et au blend aussi « improbable » donc ….
L’ADN exacte de cet assemblage suit les proportions suivantes: 72,2% de Guadeloupe 1973 et 27.8% de Guyane / Jamaïque 1993. 500 bouteilles en coffrets de bois auront été embouteillée à 46%.
Couleur
Acajou foncé, relativement gras.
Nez
Pâtissier, fruité sur la mangue et l’ananas, bâton de colle pritt, l’olive, la cire à bougie…
Le premier nez me transporte plutôt du côté de la Jamaïque en fait, mais le temps passant, on y retrouve plus de notes en provenance du Guyana et principalement de gros Enmore.
C’est épicé, subtil grillé, ça devient plus lourd avec le temps sur la réglisse, les fruits confits, le caramel légèrement brûlé, un léger boisé, du chocolat au lait.
Un nez très doux qui évolue du funky à la lourdeur guyanaise… mais tout en restant fin et élégant. Rien d’écrasant ou d’écœurant à signaler.
Bouche
Douce et huileuse, avec de légères traces d’olives, de fruits, de vanille et ce côté qui j’assimile toujours à un demerara avec la réglisse, le caramel cuit, le cuir et la mélasse entre autre.
La Guadeloupe ? peut être ce côté chique au rhum que je retrouve souvent chez Courcelles mais sans plus, et sans savoir si c’est un Courcelles au final.
Le boisé est plus marqué qu’au nez, avec un côté toasté entre autre, mais ça reste léger… étonnant d’ailleurs par rapport à l’âge moyen du bestiaux !
La finale nous ramène vers la Jamaïque avec l’ananas histoire de boucler la boucle et une amertume chocolatée plus typée Port Mourant.
Les 46% sont vraiment très discret, ça se déguste vraiment facilement… mais il faut lui laisser du temps car il évolue beaucoup !
Prix
349€
Conclusion
Bon, ça l’est, clairement… après ce n’est pas la 7em merveille du monde des spiritueux non plus.
Un blend marqué tout de même au fer rouge par Demerara, je pense que les fans de ce type de rum devraient apprécier grandement cet embouteillage.
La Guadeloupe ? Boh, elle doit être présente mais j’avoue que c’est principalement les deux rums anglais que je retrouve…. Peut être se trouve t elle dans l’équilibre et l’élégance du jus, ce qui n’est pas toujours les cas d’un gros enmore et d’un jamaïcain 🙂
Dans tous les cas, il fallait oser le blend, je dirais que c’est réussi mais par contre c’est pas donnée.
Moi j’aimerais savoir ce qu’il lui est passé par la tête pour se dire qu’il allait mélanger tout ça…. j’ai bien ma petite idée sur la question mais bon 🙂
Note
87,94/100
Moi je voudrais bien connaître ta petite idée. Tu nous laisses sur un cliffhanger, là, c’est pas Game of thrones !
Alors selon moi, mais je ne suis pas dans le secret des dieux, le gwada n’ était peut être pas assez bon pour être embouteillée seul…
Du coup, il pouvait servir de belle base à un beau blend de luxe.
C’est pas hyper glorieux, je l’avoue mais au final ça marche bien ce blend. Voyons cela comme un beau sauvetage et non comme du bidouillage.
Bon forcément, le prix s’en ressent car les jus sont âgés, mais ça reste très plaisant.
Encore une fois, cet avis n’engage que moi 😉