Silvano Samaroli était un des tous grands du monde des spiritueux, ayant sélectionné bon nombre de (vrais) licornes, autant dans l’univers des whisky avec les fameux Bowmore Bouquet par exemple que dans le monde de la canne à sucre avec de superbes Demeraras, Long Pond et autres blends dont le fameux « West Indies 1948 ».
Sélectionnant souvent ses spiritueux à partir du distillat de base, ce dernier avait le don d’imaginer ce que cela donnerait plusieurs longues années plus tard, imaginant dans quel type de fût le laisser ou encore si il fallait légèrement le réduire ou non. Un véritable architecte à spiritueux.
Ayant revendu ses activités en 2008, une certaine quantité de fûts sont néanmoins restés sa propriété et la nouvelle société qu’il a fondé en 2016 se proposait de les embouteiller. Masam, pour Maryse Samaroli, avait prévu de réduire et mettre en bouteille ce premier Port Mourant 2003.
Malheureusement, le décès soudain du maestro juste avant la mise en bouteille de ce Demerara viendra chambouler tous les plans, Maryse ne se sentant pas la force de gérer cette réduction et mise en bouteille si rapidement.
Emmanuel Dron qui est un proche de la famille est appelé à la rescousse pour aider à finaliser cet embouteillage imminent. Réduit sur base des recommandations laissées par Silvano, ces deux fûts de Port Mourant sont ainsi embouteillés à 45% d’alcool, dans une bouteille classique avec une étiquette rappellant les illustres anciens embouteillages.
Sa disparition laissera un grand vide dans ce petit monde, et son empreinte pleine d’élégance et d’humilité manquera énormément.
Nous avons donc ici un « joint bottling » pour The Auld Alliance Singapore / Corman-Collins Belgium de cet assemblage de deux fûts de Port Mourant provenant de la collection privée de Silvano Samaroli, rien que ça. Cet embouteillage à tout d’historique, sans même de l’avoir encore dégusté…
Port Mourant 2003
Couleur
C’est un très beau rhum clair, très gras/huileux. Rien que de le regarder est déjà un beau moment.
Nez
Tout en subtilité et douceur sur la poire, le raisin et le quetsch. C’est très fruité et loin d’un gros demerara saucé comme on peut souvent trouver en fait.
Le tout est très beurré, brioché, pâtissier et pourrait limite évoquer un vieux malt des Highlands avec ses légères traces poivrées.
Enfin, la saumure et de fines traces d’olives arrivent à nous effleurer les voies orthonasales (j’avoue, j’ai été chercher ce terme assez loin).
Une légère amertume métallique arrive et m’a fait un instant stresser. Cela va t il repartir dans les « travers » que je n’apprécie pas trop ?
Bouche
Huileuse, douce et autant fruitée que le nez. Le léger boisé est charmeur et élégant, la pomme est aussi juteuse et toujours alliée au quetsch.
Le côté brioché est bien entendu toujours aussi présent en enrobe tout le palais
La réduction à 45% est juste parfaite. On a du peps sans agression pour continuer dans ce bel échange….La longueur est ahurissante…. Superbe !!
Coût
95€
Conclusion
Nous avons droit ici à de l’élégance, de la subtilité, de la beauté…. Ce Port Mourant est probablement comme Mr Samaroli l’aura imaginé lors de l’achat de ces fûts à l’époque.
Une bouteille à chérir et à absolument avoir dans sa collection, pour peu que l’on soit adepte de ces Demerara continentaux non saucés.
Merci pour ce grand moment !!
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